Elle est la femme qui fait trembler l’Europe. Invoquant le slogan « Dieu, patrie, famille », Giorgia Meloni, favorable au contrôle de l’immigration et au souverainisme, est en passe de devenir la nouvelle présidente du conseil italien. Son parti post-fasciste Fratelli d’Italia a remporté un quart des voix aux élections législatives du dimanche 25 septembre, lui permettant de former un gouvernement de coalition avec la Ligue de Matteo Salvini (anti-immigration) et Forza Italia (droite libérale) de Silvio Berlusconi. « Nous ne voulons pas détruire l’Union européenne et nous ne ferons pas de folies », a-t-elle insisté durant tout l’été, sans convaincre. A Bruxelles, beaucoup redoutent que sa victoire ne préfigure le déferlement d’une vague brune sur le Vieux Continent.
Car avant Fratelli d’Italia, les Démocrates de Suède, héritiers d’un parti néonazi, sont arrivés devant la droite traditionnelle aux législatives du 11 septembre dans leur pays : leurs élus pourront imposer leurs exigences au prochain gouvernement. En Espagne, l’extrême droite de Vox rêve de répliquer le succès de Meloni lors de la série d’élections prévues en 2023.
Aux législatives françaises de juin, le Rassemblement national (RN) a emporté 17,3 % des suffrages, envoyant 89 députés à l’Assemblée nationale, contre 8 en 2017. A l’Est, la Hongrie est dirigée par le premier ministre nationaliste Viktor Orban depuis 2010, tandis que les conservateurs eurosceptiques de Droit et justice (PiS) tiennent la Pologne depuis 2015…
« Presque aucun pays européen n’échappe à la poussée de la droite radicale », résume Gilles Ivaldi, chercheur CNRS au Cevipof, spécialiste du sujet. Même le Portugal, longtemps épargné, a vu émerger le parti de droite anti-élites Chega, en 2019. « Au XXIe siècle, le vote en faveur des populistes, principalement de droite, a augmenté de 10 à 15 points, soit un doublement de leurs soutiens, surtout dans les économies avancées », observent les économistes Sergei Guriev et Elias Papaioannou, dans une étude publiée en octobre 2020.
« On ne peut pas tous les mettre dans le même sac »
Pour autant, ces mouvements forment une famille très hétérogène. Certains politologues réfutent même l’étiquette populiste, la jugeant trop fourre-tout. « Giorgia Meloni a certes capté le vote contestataire d’une partie des Italiens, mais elle est plutôt nationale-conservatrice », estime ainsi Flavio Chiapponi, du département de sciences politiques de l’université italienne de Pavie. « Preuve qu’on ne peut pas tous les mettre dans le même sac, ces partis ont parfois des vues opposées sur la Russie et n’appartiennent pas tous à la même famille politique au Parlement européen », ajoute Pascale Joannin, directrice générale de la Fondation Robert Schuman.
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