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« Jacques Delors, itinéraire d’un Européen », sur France 5 : les souvenirs et les regrets aussi…

Cécile Amar a rencontré longuement l’ancien président de la Commission européenne, qui concède regretter de ne pas avoir brigué l’Elysée en 1995.

Par  (Bruxelles, bureau européen)

Publié le 08 mai 2022 à 19h00, modifié le 08 mai 2022 à 19h04

Temps de Lecture 2 min.

Jacques Delors, au Parlement européen, à Strasbourg, en février 1987.

FRANCE 5 - DIMANCHE 8 MAI À 22 H 50 - DOCUMENTAIRE

A peine deux semaines après le second tour de l’élection présidentielle, ce documentaire que propose France 5, le 8 mai, a une saveur toute particulière que son titre Jacques Delors, itinéraire d’un Européen, ne peut laisser présager. Bien sûr, la carrière bruxelloise de celui qui présida la Commission européenne pendant dix ans (de 1985 à 1995) y figure en bonne place. Mais le film revient avant tout sur ce soir du 11 décembre 1994, lorsque Jacques Delors annonce, dans l’émission politique phare du moment, « 7 sur 7 » (TF1), qu’il n’est pas candidat au scrutin présidentiel de 1995.

A l’époque, l’ex-ministre de François Mitterrand est en tête des sondages, mais il évoque, pour justifier sa décision, son âge (il a 70 ans), les divisions internes au Parti socialiste (PS) et la difficulté d’obtenir une majorité parlementaire pour mener à bien ses réformes. Près de trente ans plus tard, la journaliste Cécile Amar, qui a écrit et réalisé ce film, s’interroge encore sur le parcours de cet homme politique si différent des autres.

« Je voulais être metteur en scène de cinéma », raconte Jacques Delors, âgé aujourd’hui de 96 ans. Ses parents, d’extraction populaire, refusent d’en entendre parler et le jeune homme, obéissant, passe le concours de la Banque de France, où son père est huissier. En 1968, Jacques Delors exigera de sa fille, Martine Aubry, alors peu studieuse, qu’elle passe le concours de sténodactylo à la Banque de France. « Mon père m’a dit : “Tu n’as rien fait, tu te prends pour une bourgeoise, on ne continuera pas à te payer tes études” », se souvient la maire (PS) de Lille.

Marché unique, Schengen, Erasmus

A la Banque de France, ce catholique revendiqué rejoint la CFTC et commence là son engagement syndical. En 1969, Jacques Chaban-Delmas, premier ministre de Georges Pompidou, cherche un spécialiste du dialogue social pour l’aider à mener à bien son projet de « nouvelle société ». Ce sera Delors. C’est aussi à cette époque qu’il s’engage au PS, auprès de François Mitterrand, dont il partage les convictions européennes.

C’est en regardant la nomination du gouvernement à la télévision qu’il apprend que François Mitterrand a fait de lui son ministre de l’économie et des finances, le 22 mai 1981. Il sera l’un des artisans du tournant de la rigueur en 1983. Le chef de l’Etat songe à le nommer premier ministre, pour succéder à Pierre Mauroy, mais Jacques Delors pose ses conditions : à Matignon, il veut « garder la monnaie »

En janvier 1985, Jacques Delors part donc à Bruxelles prendre la présidence de la Commission. « Mon père, mutilé de guerre à 75 %, m’a dit : “Il faut se réconcilier.” Ça m’a conduit vers l’Europe », raconte-t-il. Marché unique, Schengen, Erasmus… pendant dix ans il transforme la construction communautaire. « Je pense que j’aurais pu être un bon président », confie l’homme, qui n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort, même s’il concède « une part de regret ». D’autant que, depuis sa décision du 11 décembre 1994, il n’a « pas pu faire grand-chose d’important ».

« A tout moment, on a des appels de dirigeants de tous les pays européens », ajoute Martine Aubry. Mais la France, elle, semble avoir tourné la page de cet homme qui n’a pas voulu la présider. « Quand quelqu’un a été commissaire – je ne dis pas président [de la Commission] –, eh bien on le consulte. Moi, on m’a laissé tomber. Carrément », lâche Jacques Delors.

Jacques Delors, itinéraire d’un Européen, de Cécile Amar (Fr., 2021, 52 min).

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