La Chine fait encore face à des « difficultés » à relancer son activité économique, confesse le Parti communiste

Le pays dirigé par Xi Jinping fait face à une chute de croissance depuis quelques années. L'Empire du Milieu tente désormais tant bien que mal de relancer son économie en souffrance. Peu optimistes, des dirigeants du Parti communiste ont annoncé, ce mardi, que le pays devrait encore connaître des « difficultés ».
« La Chine doit encore surmonter certaines difficultés et défis, afin de continuer à relancer l'économie », ont jugé les principaux dirigeants du PCC, dont le chef de l'Etat Xi Jinping.
« La Chine doit encore surmonter certaines difficultés et défis, afin de continuer à relancer l'économie », ont jugé les principaux dirigeants du PCC, dont le chef de l'Etat Xi Jinping. (Crédits : JASON LEE)

Quand la Chine tousse, c'est le monde qui s'enrhume. Et depuis la pandémie de Covid-19, l'économie de l'ex-Empire du milieu montre des signes de fatigue. Pour tenter de relancer la croissance de la deuxième économie mondiale, le gouvernement a mis en place une batterie de mesures. La cure est loin d'être achevée pour autant. Cette semaine, les plus hauts dirigeants du Parti communiste (PCC) ont avoué que le pays allait rencontrer des « difficultés » pour relancer l'activité économique du pays, a annoncé ce mardi un média d'Etat.

« La Chine doit encore surmonter certaines difficultés et défis afin de continuer à relancer l'économie », ont jugé les principaux dirigeants du PCC, dont le chef de l'Etat Xi Jinping, lors de la Conférence sur le travail économique, selon l'agence de presse Chine nouvelle.

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Toutefois, « dans l'ensemble, les conditions favorables l'emportent sur les facteurs défavorables » en matière de développement économique, ont-ils déclaré. « La tendance fondamentale d'une reprise économique et de perspectives positives à long terme n'a pas changé. »

Pour rappel, La Chine vise « environ 5% » de croissance cette année, un objectif très faible par rapport aux croissances à deux chiffres affichées il y a encore quelques années. Il pourrait toutefois être difficile à atteindre, estiment certains économistes. En novembre, le Bureau chinois de statistiques (BNS) a notamment annoncé un tassement de sa croissance économique pour le troisième trimestre 2023 (+4,9% sur un an). Il s'agit d'un sérieux coup de frein sur l'activité de la deuxième puissance économique mondiale. En effet, cette dernière s'était établie à +6,3% au deuxième trimestre. A noter, cette baisse de l'activité n'est pas nouvelle : l'an dernier, le PIB du géant asiatique avait progressé de 3%, loin de l'objectif officiel de 5,5%, et l'un des rythmes les plus faibles enregistrés par le pays depuis quatre décennies.

Une consommation intérieure qui marque le pas

A l'origine de cet hiver sur l'économie chinoise qui n'en finit pas, le pays fait face à des facteurs qui entravent sa reprise post-Covid pourtant prometteuse en début d'année. Tout d'abord, le manque de confiance des Chinois en l'avenir pénalise la consommation, le chômage est élevé chez les jeunes et la demande molle à l'international se répercute sur les exportations chinoises.

Par ailleurs, une crise inédite dans l'immobilier, avec son lot de promoteurs au bord de la faillite, de logements inachevés et de ventes en baisse, est également un frein important à l'activité. Après avoir connu durant deux décennies une croissance fulgurante les déboires financiers de groupes immobiliers emblématiques (Evergrande, Country Garden...) alimentent désormais la défiance des acheteurs, sur fond de logements inachevés et de chute des prix du mètre carré.

Or, pour rappel, ce secteur en souffrance a longtemps représenté avec la construction environ un quart du produit intérieur brut (PIB) de la Chine. En outre, il fait vivre des milliers d'entreprises et d'employés peu qualifiés. Il est également une source majeure de revenus pour les collectivités locales, dont les finances sont exsangues après trois ans de dépenses faramineuses pour lutter contre le Covid.

Pour relancer un secteur à la peine, le pouvoir a bien multiplié les mesures de soutien ces derniers mois, mais les résultats demeurent peu probants. Le PCC a toutefois profité de cette conférence sur le travail cette semaine pour s'engager à « désamorcer (les) risques dans le secteur immobilier (et à) répondre aux besoins raisonnables de financement des entreprises immobilières », a fait valoir la télévision publique CCTV.

Moody's s'inquiète pour la stabilité de la dette

En parallèle, ces mesures de relance du Parti communiste ont fait émerger des effets secondaires dont le gouvernement se serait bien passé. Le 5 décembre, Moody's, l'une des agences de notation de référence, a abaissé de « stable » à « négatif » la perspective de la note de la Chine, en raison de l'endettement dans la deuxième économie mondiale.

« Le passage à une perspective négative est le reflet de preuves croissantes que le gouvernement et le secteur public apporteront un soutien financier aux gouvernements régionaux et aux entreprises d'Etat en difficulté », justifie l'agence américaine dans un communiqué.

Avant d'ajouter que cela « pose de vastes risques (...) pour la solidité budgétaire » de la Chine, en raison d'une croissance économique « plus faible » du géant asiatique et des difficultés du secteur immobilier. Dans la foulée de ce rapport, le ministère chinois des Finances s'est dit « déçu » par la décision de Moody's.

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Consciente de la baisse de régime de la Chine, l'UE hausse le ton

Cette fatigue de l'oreille chinoise est d'ailleurs une opportunité par d'autres pays. Ainsi, la semaine dernière, lors du Sommet Chine-UE à Pékin, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a rappelé que « La Chine est le plus important partenaire commercial de l'UE (...) mais il y a clairement des déséquilibres et des différences que nous devons traiter ». Elle a donc exigé de la Chine qu'elle mette fin à ses mesures protectionnistes que l'Europe juge néfaste pour ses entreprises, sous couvert de représailles. « Nous avons des outils pour protéger notre marché », a-t-elle affirmé, tout en répétant sa préférence pour « des solutions négociées ».

Le moment choisi la représentante de l'UE pour mettre la pression à la Chine n'est pas anodin. « Elle joue sur l'importance du marché européen pour la Chine, qui fait face à une croissance en berne et a fortement besoin d'exporter, pour obtenir des concessions de Pékin », analysait Elvire Fabry, chercheuse Institut Jacques Delors, interrogée par La Tribune.

(Avec AFP)

Commentaires 3
à écrit le 13/12/2023 à 11:45
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Pour mieux connaître la Chine, lisez les trois récits de Jean Tuan : "Un siècle chinois" (chez CLC Éditions) évoque le parcours de son père chinois arrivé en France en 1929, leur voyage en Chine en 1967 lors de la Révolution culturelle et les incroya...

à écrit le 13/12/2023 à 9:45
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ca fait 20 ans qu'ils mettent tout le monde dehors, mais a leur rythme, le pb c'est qu'avec 0 covid, ils ont signe leur arret de mort, vu que tout le monde a compris qu'il etait dependant d'un seul pays qui depend d'une poignee d'hommes.......au fur ...

à écrit le 12/12/2023 à 16:10
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Ne serait ce pas depuis que Trump a annoncé la fin de la récréation par hasard ? Et l'Amérique elle est en plein boom.

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