La Communauté politique européenne sur le front

Emmanuel Macron à Prague en République tchèque, lors du premier sommet de la Communauté politique européenne, en octobre 2022. ©AFP - Joe Klamar / AFP
Emmanuel Macron à Prague en République tchèque, lors du premier sommet de la Communauté politique européenne, en octobre 2022. ©AFP - Joe Klamar / AFP
Emmanuel Macron à Prague en République tchèque, lors du premier sommet de la Communauté politique européenne, en octobre 2022. ©AFP - Joe Klamar / AFP
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Quarante-sept pays ont rejoint la Communauté Politique Européenne, lancée à l'initiative de Paris, l'an dernier. Cette famille élargie, qui va l’Islande à l’Azerbaïdjan, se réunira le 1er juin en Moldavie, aux portes de la guerre qui frappe l'Ukraine. Quels sont les objectifs de l’exercice ?

Avec
  • Marie Dumoulin Directrice du programme Wider Europe au sein du think tank European Council on Foreign Relations
  • Nadège Ragaru
  • Enrico Letta Président de l’Institut Jacques Delors. Ancien Doyen de l’École des affaires internationales de Sciences Po Paris (PSIA) et ancien Président du Conseil des ministres italiens.
  • Pierre Vimont Ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis, ancien secrétaire général du service diplomatique européen. Chercheur associé au think tank Carnegie Europe.

L’aéroport de Chisinau, capitale de la Moldavie, ce petit pays de 2,6 millions d’habitants enclavé entre la Roumanie et l’Ukraine, le plus pauvre d’Europe, ne dispose que d’une seule piste d’atterrissage et de décollage, et l’hôtellerie locale n’est pas tout à fait à la hauteur de ce genre d’évènement. C’est pourtant là, jeudi prochain 1er juin, que se réuniront quelque 47 chefs d’État et de gouvernement pour une photo de famille qui aura valeur de symbole : à proximité de la ligne de front de cette guerre qui accable l’Ukraine et pèse sur notre continent, au-delà des difficultés logistiques, il s’agit bien de signifier la solidarité de la famille européenne face à l’agression russe et de contrer le récit préféré de Vladimir Poutine dénonçant nos désunions et notre décadence.

Intégrer l'UE, une question de survie en Europe de l'Est

47 pays ont rejoint la Communauté Politique Européenne, cette nouvelle pièce d’architecture diplomatique initiée l’an dernier par Emmanuel Macron, concrétisée par un premier sommet à Prague en octobre, prolongée d’une façon qui promet d’être spectaculaire au cœur même de cet espace postsoviétique que Moscou ne cesse de revendiquer. Pour la Moldavie comme pour l’Ukraine, qui sont officiellement candidats à rejoindre l’Union Européenne, l’enjeu est majeur, c’est une question de survie. La guerre impose ses priorités : l’intégration n’est plus une question essentiellement économique – elle est devenue sécuritaire et géopolitique. Les pays qui patientent à la porte de Bruxelles, certains depuis 10 ans dans les Balkans occidentaux, craignent, eux, de se faire doubler dans la course – d’autres, qu’ils soient déjà dans l’Union ou non, voient dans la Communauté Politique Européenne un stratagème pour bloquer un élargissement sans fin. Quels sont donc les objectifs de l’exercice, quelles sont son utilité, sa spécificité au-delà du sommet de la semaine prochaine ? Comment l’articuler par rapport à l’Union Européenne, mais aussi par rapport à d’autres institutions qui existent depuis longtemps comme le Conseil de l’Europe ? Quel intérêt de réunir une famille aussi élargie, qui va de l’Islande à l’Azerbaïdjan ?

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Affaires étrangères
58 min

Nadège Ragaru est l'autrice de l'ouvrage  Et les Juifs bulgares furent sauvés... (Presses de Sciences Po, 2020).

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