La France cède : il y aura bien un gazoduc pour relier l'Espagne et l'Allemagne

Le chef du gouvernement espagnol a annoncé, ce jeudi, que le projet de gazoduc MidCat destiné à acheminer du gaz à l'Espagne et au Portugal en passant par la France allait être remplacé par un nouveau projet baptisé « Corridor d'énergie verte ». Durée des travaux estimés : « 5, 6 ou 7 ans » avant sa mise en service, estime Madrid. Malgré ce délai « plus long » que le projet initial, la France, qui doutait de l'utilité de l'infrastructure, s'est finalement entendue avec l'Espagne et le Portugal.
Le projet MidCat a été lancée en 2013 mais abandonné en 2019 en raison de son impact environnemental et d'un intérêt économique alors jugé limité.

[Article mis à jour samedi 22 octobre]

Revirement dans le dossier MidCat, ce projet de gazoduc, reliant l'Espagne à l'Allemagne en passant par la France. Depuis plusieurs mois, Paris s'y opposait fermement, tandis que Madrid, Lisbonne et Berlin poussaient pour avancer. Et pour cause, cette infrastructure, dont le nom vient de l'abréviation de Midi (sud de la France) et de la Catalogne (nord-est de l'Espagne), les deux régions qu'il connecterait, permettrait à la péninsule ibérique de reflécher le gaz réceptionné sur les côtes espagnoles et portugaises en direction de l'Europe centrale.

Pour les défenseurs de MidCat, le projet a l'avantage de permettre le transport, dans le futur, de l'hydrogène vert en Europe. Mais officiellement la France par la voix d'Emmanuel Macron s'était  jusqu'ici montrée sceptique assurant que : « Tous les experts aujourd'hui le disent : il est faux de dire qu'un gazoduc pourra demain transporter de l'hydrogène, ça supposera des nouveaux travaux très lourds ».

Ce qu'a confirmé entre les lignes Madrid vendredi en précisant que le pipeline sous-marin entre Barcelone et Marseille pourrait nécessiter jusqu'à sept ans de travaux. Cela prendra « logiquement plus de temps » que pour le MidCat, a déclaré la ministre de la Transition écologique Teresa Ribera sur la radio Catalunya Radio.

« Nous devrons analyser s'il faudra 5, 6 ou 7 ans » de travaux avant sa mise en service.

« Abandon du projet historique MidCat »

Depuis juin, l'Espagne plaidait pour la relancer, obtenant le soutien du Portugal et de l'Allemagne. Jusqu'à finalement convaincre la France.

Celle-ci s'est, en effet, entendue avec l'Espagne et le Portugal, ce jeudi, sur « l'abandon du projet historique MidCat », selon les propos d'Emmanuel Macron à son arrivée au sommet européen consacré à la crise énergétique. Mais, il sera remplacé par « un projet, que nous allons travailler dans les prochaines semaines de manière très intense à trois, visant à désenclaver la péninsule ibérique », a-t-il complété.

« Nous nous sommes entendus pour remplacer le projet MidCat par un nouveau projet, qui s'appellera le Corridor d'énergie verte, pour relier la péninsule ibérique à la France et donc au marché européen de l'énergie entre Barcelone et Marseille », a confirmé le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez.

« L'objectif est de travailler à l'intensification de nos interconnexions électriques et la densification de ces dernières et de travailler à une interconnexion hydrogène et énergies renouvelables entre Barcelone et Marseille, laquelle pourrait être aussi doublée par des interconnexions électriques », a encore détaillé Emmanuel Macron aux journalistes, assurant : « Nous l'avons acté ce matin, nous le travaillerons dans les prochaines semaines et je serai en décembre en Espagne pour finaliser ce projet qui a vocation à bénéficier de financements européens ».

« A ce stade, ça ressemble à un Midcat bis », estime Camille Defard, chercheuse en politique européenne de l'énergie à l'Institut Jacques Delors. A deux différences près : d'abord, le gazoduc ne passera plus par les Pyrénées, comme prévu initialement, mais reliera en sous-marin Barcelone et Marseille - une manière de contourner les fortes oppositions locales. En outre, l'interconnexion électrique devra, en parallèle de la construction du pipeline, être renforcée entre l'Espagne et la France, comme le demandait Emmanuel Macron.

La France remet en cause l'utilité du projet

Pourtant, la France s'était montrée peu enthousiaste jusqu'alors. « Je ne comprends pas le problème à court terme qu'on essaye de résoudre (...). Je ne comprends pas pourquoi on sauterait comme des cabris des Pyrénées sur ce sujet pour expliquer que ça résoudrait le problème gazier : c'est faux », avait fustigé Emmanuel Macron le 5 septembre, estimant que le besoin d'une telle infrastructure n'était « pas évident ».

Par ailleurs, le chef de l'État avait mis en avant les « oppositions environnementales » à cette infrastructure, « qui ne sont pas sans fondement », et affirmé qu'il n'y avait « pas un besoin de l'Espagne d'exporter ses capacités gazières vers la France » puisque la péninsule utilise actuellement les gazoducs la reliant à la France pour « importer » du gaz.

Le MidCat ne relève pas des seules « relations bilatérales » entre Paris et Madrid, avait rétorqué la ministre de la Transition écologique espagnole. « Par conséquent, le débat (sur son utilité) ne peut donc pas être clos par les déclarations d'un seul pays », avait-elle asséné, assurant que la construction d'un nouveau gazoduc entre la France et l'Espagne est un projet « d'intérêt européen » que Madrid va continuer à défendre.

L'idée ne date pas d'hier. Elle a d'abord été lancée en 2013 puis abandonnée en 2019 en raison de son impact environnemental et d'un intérêt économique alors jugé limité. Le projet devait, à l'origine, relier une ville au nord de Barcelone à Barbaira, dans l'Aude.

(Avec AFP)

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Commentaires 21
à écrit le 28/10/2022 à 5:59
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Donc les français vont payer un truc qui leur sert à rien, pour qu'ensuite, la bourse de l'énergie puisse jouer avec les flux et faire artificiellement exploser les prix pour s'en mettre plein les fouilles . Donc le français moyen s'autonique encore ...

à écrit le 26/10/2022 à 11:37
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Déjà la France cède encore devant Berlin... Mais surtout je ne comprends pas l'intérêt de ce gazoduc. L'Espagne n'est pas un gros pays producteur de gaz. Alors pourquoi installer une si grosse infrastructure? Une fois chargé le GNL peut naviguer un...

à écrit le 24/10/2022 à 8:45
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L'énergie, un domaine de plus dans lequel nos gouvernements se seront soumis...la France n'est plus qu'un pays soumis avec la complicité de nos hauts dirigeants qui s'agitent, parlent fort, prennent des postures théâtrales.....mais les résultats, les...

à écrit le 23/10/2022 à 23:23
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je ne soutiens pas cettr decision française . Il n'y a pas de contrepartie pour la France Ce gazoduc est une depense d'energie inutile pour reduire l'emission CO2. Sa construction emettra du CO2 pour bruler ensuite du gaz emeteur de CO2. Ce gazodu...

à écrit le 22/10/2022 à 16:57
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Ne soyons pas naïfs : le projet est piloté par l'Allemagne qui, après l'abandon du nucléaire et du charbon, n'a pas d'autre solution que de rebâtir son mix électrique avec des éoliennes, et de l'hydrogène pour en compenser l'intermittence. Plus con...

à écrit le 21/10/2022 à 15:22
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Une fois de plus, Macron baisse son froc devant scholz qui lui nous tourne le dos du côté des USA. Macron est vraiment une mauvaise chose pour notre pays

à écrit le 21/10/2022 à 15:21
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Une fois de plus, Macron baisse son froc devant scholz qui lui nous tourne le dos du côté des USA. Macron est vraiment une mauvaise chose pour notre pays

à écrit le 21/10/2022 à 15:18
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Seule l'Allemagne commande en Europe, la France n'a aucun droit au chapitre et essuie des affronts sans jamais ne pouvoir réagir utilement : 1/ Ce pimpline demandé par les Espagnols et les Portugais mais refusé par MACRON mais réclamé par SCHOLZ: c'...

à écrit le 21/10/2022 à 11:12
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Excellente nouvelle. Quant à transporter de l'H2, je doute. Pour les coûts, ils ont dû s'arranger. Cordialement

à écrit le 21/10/2022 à 9:28
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Ce Corridor d'énergie verte a, contrairement au MidCat, vocation à bénéficier de financements européens. Ce nouveau « tuyau », dénommé BarMar, devrait transporter, selon les premiers éléments, principalement de l'hydrogène. Il pourrait aussi être ada...

le 21/10/2022 à 9:45
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Il faut donc le penser hydrogène avant tout, pas méthane puis adaptation pour l'hydrogène (ça diffuse très bien l'hydrogène, molécule tout petite qui se faufile :-) ). Qui va nous livrer de l'hydrogène en quantité ? Vert qui plus est. On ne peut pas...

à écrit le 21/10/2022 à 8:32
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Si Berlin, Madrid et Lisbonne pensent que le projet est utile il y a peut-être un grain de vérité. La position française est politique avant d'être scientifique - on trouve toujours des scientifiques qui prouvent que le projet est inutile et vice-ver...

à écrit le 21/10/2022 à 8:05
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Qui paye quoi dans cette affaire ?? ? Si c'est le consommateur français de 2023 qui finance le système gazier espagnol pour se préparer à alimenter en hydrogène "vert" le futur utilisateur allemand de SUV VW de 2 tonnes, nous avons vraiment tout ...

à écrit le 21/10/2022 à 3:43
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Qui va payer, demande le naif ? Mais vous, vos enfants. Vos impots vont exploser, l'inflation bien presente, bientot suivie d'une stag qui va mettre l'europe au tapis pour longtemps. Votez mieux a l'avenir.

à écrit le 21/10/2022 à 0:13
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Le president des français a capitulé face aux pressions espagnoles et allemandes. Grande deception et grosse colere. Je ne comprends pas . Et la reconversion du pipeline de gaz à hydrogene, à ma connaissance, ça n'est pas possible au deoa de teneu...

à écrit le 20/10/2022 à 20:01
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Une seule question, pourtant soigneusement évitée par l'article : que ou combien va y gagner la France ? Zelensky, lui au moins, reçoit de l'argent de Moscou, même en pleine guerre. Peut-être pourrait-il devenir coach en France après la guerre ?

à écrit le 20/10/2022 à 19:40
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L'empire français démembré de nouveau dépendant de l'Algérie qui opère une incessante guerre migratoire depuis que les français ont pris leurs valises et leurs cercueils...

à écrit le 20/10/2022 à 18:43
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Est-il plus facile, écologique et efficace de transporter de l'hydrogène ou de l'électricité? De l'électricité évidemment. Et alors pourquoi transporter de l'hydrogène sur longue distance au lieu de transporter l'électricité (et placer les électrol...

le 22/10/2022 à 16:46
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Eh non, l'électricité est bien plus chère à transporter sur une aussi longue distance : il faut passer en courant continu et surtout accepter des pertes par effet Joule importantes.

à écrit le 20/10/2022 à 18:35
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Et, le gagnant est…"Deutch land" qui veut être alimenté par le Sud de l'Europe et l'Afrique du Nord ! ;-)

à écrit le 20/10/2022 à 18:28
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La seule question qui compte est: qui paye? La France ne doit pas payer pour une infrastructure dont elle n'a pas besoin. On peut envisager de transporter plus d'electricité mais transporter de l'hydrogène alors qu'on pourrait simplement déplacer l...

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