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La France contribuera à l'achat de munitions hors d'Europe pour l'Ukraine

Emmanuel Macron a annoncé mardi la participation de la France à la plate-forme d'achats de munitions mise en place par la République tchèque. Sans dévoiler de montants pour l'instant.

Le président tchèque, Petr Pavel, a reçu Emmanuel Macron au château de Prague, mardi.
Le président tchèque, Petr Pavel, a reçu Emmanuel Macron au château de Prague, mardi. (David W Cerny/REUTERS)

Par Vincent Collen

Publié le 5 mars 2024 à 17:41Mis à jour le 5 mars 2024 à 19:11

C'est un changement de pied pour Paris, qui s'était montré jusqu'à présent réticent à l'achat de matériel militaire hors d'Europe pour aider l'Ukraine. A Prague mardi, Emmanuel Macron a annoncé que la France participerait à « l'initiative tchèque » d'achat de munitions produites en dehors de l'UE.

L'initiative lancée par le président tchèque, Petr Pavel, est « un travail de mutualisation » qui est « extrêmement utile », a estimé le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse commune avec son homologue au château de Prague. « Nous la soutenons, nous y participerons », « nous sommes prêts à y contribuer », a-t-il affirmé… sans toutefois préciser à quelle hauteur pour l'instant.

800.000 obus

Au-delà des achats effectués par les Etats membres individuellement en passant par la plate-forme tchèque, Emmanuel Macron a souhaité que des fonds européens puissent y être consacrés, à travers « la Facilité européenne pour la paix », a-t-il dit. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, plusieurs Etats se montrant réticents. « Les positions de nombreux pays sont en train de changer face à l'urgence dans laquelle se trouve l'Ukraine », décrypte Luigi Scazzieri, du think tank Centre for European Reform.

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Petr Pavel a déclaré le mois dernier que 800.000 obus étaient disponibles auprès d'industriels non-européens et pourraient être envoyés en Ukraine « en quelques semaines ». Pourquoi la Tchéquie ? « La République tchèque a une longue tradition de production d'armements, et de munitions en particulier, rappelle Lukas Macek, de l'institut Jacques-Delors. Et depuis l'élection l'an dernier de Petr Pavel , un ancien général de l'Otan, elle est solidement ancrée dans le camp favorable à Kiev. »

« Une quantité énorme »

Prague alerte sur l'urgence de la situation, car l'Ukraine manque cruellement de munitions. « On estime que l'armée ukrainienne ne peut plus tirer que 2.000 obus par jour, contre 8.000 au début de la contre-offensive l'an dernier », souligne Camille Grand, du European Council on Foreign Relations.

Les 800.000 pièces permettraient d'assurer « cent jours de consommation à un rythme satisfaisant », explique cet expert, aidant Kiev à mieux se défendre au moment où les forces russes regagnent du terrain. « Ce serait une quantité énorme, pour l'instant les Européens n'auront réussi à livrer, à la fin du mois, que 500.000 pièces au grand maximum », pointe Luigi Scazzieri.

Anciens matériels soviétiques

L'industrie de défense européenne n'est pas parvenue à produire le million de pièces de munitions que visaient les Vingt-Sept. L'idée du gouvernement tchèque est d'aller les chercher ailleurs, dans des pays qui ne veulent pas fournir directement l'Ukraine. « Il peut s'agir de pays qui ne sont pas alliés à Kiev, qui sont contraints d'une façon ou d'une autre dans leurs relations avec la Russie », poursuit Camille Grand. Une source diplomatique cite la Turquie.

Dans certains cas, « il s'agit de réalimenter ou de fournir d'anciens matériels soviétiques qui ont été transférés à l'Ukraine ou qui faisaient partie des dotations ukrainiennes, explique-t-on à l'Elysée. Une partie de ce matériel ne se trouve pas dans l'Union européenne ».

Côté acheteurs, l'Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas et la Belgique ont déjà manifesté leur intérêt pour la plate-forme d'achats pilotée par Prague, de même que, en dehors de l'Union européenne, le Canada.

Vincent Collen

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