La France doit faire montre de « moins d’effet de style », « plus d’humilité » et « plus de concertation en amont » pendant sa présidence de l’UE au premier semestre 2022, préconise un rapport d’experts remis mardi (30 novembre) au gouvernement.
« Le rôle proactif de la France et du président de la République est reconnu mais peut faire l’objet de critiques et provoquer des blocages », met-il en garde dans ce rapport de 300 pages, commandé par le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Clément Beaune et disponible en librairie en janvier.
« Le risque existe que la France, par sa position surplombante, puisse engendrer du ‘ressentiment' », relève le comité, qui a réuni douze universitaires et experts et était présidé par Thierry Chopin, professeur de Science politique à l’Université catholique de Lille.
La présidence française de l’UE (PFUE) doit « permettre de faire avancer les ambitions européennes de la France de manière renouvelée : moins d’effet de style et plus d’humilité, plus de concertation en amont, plus de débats publics avec des résultats concrets », insiste-t-il.
En un mot, « le conseil serait de faire ‘plus de Robert Schuman, moins de Victor Hugo' », ajoutent les auteurs du rapport, en référence à l’un des pères fondateurs de l’Europe et à l’écrivain français.
Ils appellent aussi à « lever les ambiguïtés du discours français sur l’Europe », notamment sur la souveraineté européenne, pour démontrer qu’il ne s’agit ni d’une « remise en cause de l’indépendance nationale de la France », ni de la « promotion des seuls intérêts français en Europe ».
L’autonomie stratégique européenne, dont le président français Emmanuel Macron a fait un de ses chevaux de bataille, laisse sceptiques certains partenaires de l’UE, notamment à l’Est du continent, qui redoutent une remise en cause du lien avec l’Otan et les Etats-Unis.
La présidence française doit aussi être l’occasion de « mieux ancrer l’Europe en France », dont l’opinion publique est l’une des plus eurosceptiques, soulignent les experts. « La France est à la fois à l’origine de ses plus grandes avancées (..) et de ses ‘coups d’arrêts’ les plus notables », pointent-ils en citant l’échec de la Communauté européenne de défense (CED) en 1954 ou le rejet de la Constitution européenne en 2005.
Au-delà de cet état des lieux, le comité propose une série de propositions, dont un plan de relance bis post-Covid, la révision des critères de Maastricht sur les déficits publics et un système de répartition « plus juste » des demandeurs d’asile.
Côté institutions, ils suggèrent l’introduction d’une « dose » de députés transnationaux au Parlement européen, une idée chère à Emmanuel Macron, mais aussi le retour au mode antérieur de désignation du président de la Commission européenne, auquel le président français s’était opposé en 2019.