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La Lituanie appelle l'UE à défendre l'ordre commercial face à Pékin

Le ministre lituanien des Affaires étrangères expose à ses homologues européens la pleine implication des sanctions chinoises contre Vilnius. La France, qui assume la présidence tournante du Conseil, va accélérer les discussions autour d'un nouvel instrument dit « anti-coercition ».

Gabrielius Landsbergis, ministre des Affaires étrangères lituanien, appelle ses homologues de l'UE à la rescousse face à Pékin.
Gabrielius Landsbergis, ministre des Affaires étrangères lituanien, appelle ses homologues de l'UE à la rescousse face à Pékin. (Jim WATSON/AFP)

Par Karl De Meyer

Publié le 13 janv. 2022 à 17:54Mis à jour le 13 janv. 2022 à 18:48

Gabrielius Landsbergis, ministre des Affaires étrangères de la Lituanie, pays de 2,7 millions d'habitants situé à la périphérie orientale de l'UE, est en cette fin de semaine au coeur de discussions structurantes pour l'Union, dans le cadre d'une réunion informelle des chefs de la diplomatie des Vingt-Sept à Brest.

Vilnius, qui fait l'objet de mesures de représailles de la part de Pékin pour avoir quitté l'an dernier le forum « 17 +1 » qui réunit la Chine et des pays d'Europe centrale et orientale, puis donné son feu vert à l'ouverture sur son sol d'une représentation de Taïwan sous le nom de « Bureau de représentation de Taïwan », explique à ses partenaires que les sanctions chinoises, au-delà de son cas particulier, menacent l'organisation générale du commerce mondial.

Les autorités chinoises ont non seulement bloqué des exportations lituaniennes à leurs douanes, mais aussi des produits d'autres Etats membres de l'UE contenant des composants lituaniens. Gabrielius Landsbergis a ainsi estimé dans une interview au « Financial Times » que l'Europe devait «maintenant apporter une réponse très claire et affirmer que ce n'est pas une façon de traiter le marché intérieur ».

Instrument anti-coercition

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La Commission européenne a bien proposé un nouvel instrument dit « anti-coercition » , en décembre, qui doit précisément répondre à ce genre de situation, quand un Etat tiers instrumentalise des sanctions économiques pour influer sur des politiques européennes ou menacer des capitales nationales. Mais cet outil doit encore être validé par les Vingt-Sept et les eurodéputés.

L'Europe puissance

La France, qui tient depuis des années un discours offensif sur l'Europe-puissance et exerce depuis le 1er janvier la présidence tournante du Conseil de l'UE, a là l'occasion de démontrer sa résolution en accélérant les négociations entre les Vingt-Sept sur le texte. Selon nos informations, c'est exactement son intention. « C'est tout le narratif autour de l'autonomie stratégique qui trouve ici à s'illustrer, indique Elvire Fabry, de l'Institut Jacques-Delors. L'UE est dans une situation où elle ne peut que jouer collectif pour défendre le marché intérieur, la colonne vertébrale de la politique commerciale de l'Union. »

Cela dit, « il ne faut pas négliger le temps que prendront les discussions sur les détails techniques du règlement. Ces choses prennent du temps », prévient Filip Medunic, de l'ECFR (Conseil européen des relations internationales).

Fermeté allemande

Le changement de gouvernement en Allemagne devrait faciliter le processus. Même si Angela Merkel avait commencé à raidir son attitude à l'égard de Pékin, notamment sous l'influence de l'industrie allemande inquiète de voir le marché chinois se fermer, le cabinet Scholz semble adopter une démarche plus ferme encore - du moins sa composante « verte ».

La secrétaire d'Etat Franziska Brantner, qui travaille avec Robert Habeck au superministère de l'Economie et de l'Action climatique, s'est rendue en Lituanie cette semaine pour évoquer la situation - plusieurs multinationales allemandes subissent les effets de l'embargo (non officiel) chinois.

Le précédent gouvernement reprochait implicitement à Vilnius d'avoir renforcé ses liens avec Taipei sans consulter ses partenaires - et souhaitait éviter que d'autres Etats membres ne prennent des initiatives similaires.

Laboratoire des nouvelles menaces

La Lituanie a déjà été exposée, l'an dernier, à l'instrumentalisation de flux de migrants dirigés vers ses frontières par la Biélorussie voisine. Ce qui fait du pays balte un laboratoire des nouvelles menaces qui pèsent sur l'UE dans un contexte international caractérisé, de façon unanime par les diplomates européens, par « un durcissement des rapports de force ». Les Vingt-Sept doivent adopter en mars une « boussole stratégique » , sorte de Livre blanc européen qui liste tous ces nouveaux défis et examine le moyen d'y répondre.

Karl De Meyer (Bureau de Bruxelles)

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