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La République tchèque tourne la page de la révolution de 1989

La Tchéquie élit au suffrage universel un président de la République aux pouvoirs limités. Pour la première fois depuis la révolution de velours, il ne sera pas issu de la génération arrivée au pouvoir après la chute du régime communiste en 1989.

Emmanuel Macron et l'ancien Premier ministre Andrej Babis, candidat à la présidentielle tchèque (photographiés ici en 2018) se sont rencontrés mardi à Paris.
Emmanuel Macron et l'ancien Premier ministre Andrej Babis, candidat à la présidentielle tchèque (photographiés ici en 2018) se sont rencontrés mardi à Paris. (JACQUES DEMARTHON/AFP)

Par Vincent Collen

Publié le 13 janv. 2023 à 07:41Mis à jour le 13 janv. 2023 à 09:16

En Tchéquie comme dans d'autres régimes parlementaires, le président de la République jouit de pouvoirs limités. L'élection présidentielle, dont le premier tour se tient vendredi et samedi, est toutefois un événement dans ce pays de 10 millions d'habitants. D'abord parce que le chef de l'Etat est élu au suffrage universel, ce qui lui donne un poids politique plus important qu'en Allemagne ou en Italie par exemple .

Ensuite parce que le vainqueur du scrutin, quel qu'il soit, ne sera pas issu de la génération qui est arrivée au pouvoir à Prague au lendemain de la révolution de velours de 1989. « Une page se tourne, observe Lukas Macek, spécialiste du pays à l'Institut Jacques Delors. Les trois présidents précédents étaient de grandes figures de cette époque qui ont, chacun, été en poste pendant dix ans » : Vaclav Havel , Vaclav Klaus et le président sortant, Milos Zeman, qui ne se représente pas.

Babis polarise l'opinion

Trois candidats sont au coude-à-coude dans les sondages : Andrej Babis, un milliardaire qui était Premier ministre jusqu'en 2021, et deux nouveaux venus en politique : Peter Pavel, un ancien général de l'Otan, et Danuse Nerudova, une économiste qui deviendrait la première femme présidente si elle l'emportait. « Politiquement, ils ne sont pas très éloignés les uns des autres, ce qui n'est pas forcément un problème étant donné les pouvoirs largement protocolaires qui sont dévolus au chef de l'Etat », poursuit Lukas Macek.

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Ils ne séduisent pas les mêmes électeurs cependant. « Babis a du succès auprès d'un électorat au niveau de vie plus faible que la moyenne, plus âgé et moins éduqué. Pavel et Nerudova se disputent les électeurs des grandes villes, plus diplômés et plus aisés », explique Michal Kormanak, de l'institut de sondages Ipsos à Prague.

Andrej Babis est en tête des sondages, ce qui devrait lui assurer, sauf surprise, l'accès au deuxième tour du scrutin, prévu les 27 et 28 janvier. Mais il a peu de chance de l'emporter au final, « car il polarise beaucoup trop l'opinion », décrypte Michal Kormanak. Les derniers sondages pour le deuxième tour le donnent très largement perdant face à Pavel comme à Nerudova, avec une vingtaine de points d'écart sur le gagnant dans les deux cas. « Il jouit d'une base électorale fidèle qui représente environ 30 % des voix, mais il a beaucoup de mal à rassembler au-delà », poursuit l'expert d'Ipsos.

Surnommé parfois « le Berlusconi de Prague », Andrej Babis est sous le coup de plusieurs enquêtes, dont une pour fraude aux subventions européennes dans laquelle il vient d'être blanchi en première instance. « Il a opéré plusieurs revirements dans sa carrière politique, ce qui le rend inclassable, estime Lukas Macek. Il a fait une force de ce manque de cohérence idéologique et se présente comme en dehors du système. »

Des relations « amicales » avec Macron

Mardi, à quelques jours du scrutin, il a été reçu à l'Elysée par Emmanuel Macron, un soutien qu'il n'a pas manqué de mettre en avant. « Je suis ravi que le responsable politique européen le plus important ait trouvé le temps de me rencontrer et que nous ayons des relations si amicales », a-t-il déclaré sur Twitter.

L'Elysée s'est justifié en rappelant que les partis de Macron et Babis sont représentés dans le même groupe au Parlement européen : « Il s'est agi pour le président de la République d'échanger avec un interlocuteur important dans le cadre de la famille politique Renew », explique l'entourage d'Emmanuel Macron.

Des personnalités de renouveau

L'entrevue a été vivement critiquée, en Tchéquie, par les autres candidats. « Elle envoie un signal très fort à la veille du scrutin. Le comportement d'Emmanuel Macron est honteux, injuste et immoral », attaque le député européen Tomas Zdechovsky, du parti chrétien-démocrate tchèque.

Moins clivants, Petr Pavel et Danuse Nerudova ne sont pas issus de partis politiques et se présentent comme des personnalités de renouveau. Les deux candidats sont soutenus par la coalition gouvernementale de centre droit du Premier ministre Petr Fiala , au pouvoir depuis 2021.

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Vincent Collen

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