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Green Economie

L’Allemagne, championne du renouvelable, doit passer à la vitesse supérieure

Meilleure élève de l’Europe, Berlin a misé sur le développement des énergies renouvelables, investissant depuis 20 ans des sommes colossales dans l'éolien et le solaire. Toutefois, aussi spectaculaires que soient les résultats de son « Energiewende », le tournant énergétique, aujourd’hui, face à l’urgence climatique, il faut faire davantage, et entamer une révolution énergétique. Une rude tâche, qui incombera au nouveau chancelier et à son gouvernement.

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Champ d’éoliennes au Brandebourg, en Allemagne. Tant qu’un système efficace de stockage n’aura pas été mis en place, les énergies renouvelables ne pourront pas prétendre remplacer les centrales au fioul ou au gaz.

Champ d’éoliennes dans le Brandebourg, en Allemagne, à l'Est de Berlin.

Dpa Picture-Alliance/Afp

Les trois dernières semaines de la campagne électorale allemande ont coïncidé avec une grève de la faim très médiatisée. Une poignée de jeunes gens "représentants de la dernière génération" ont installé un campement sauvage à Berlin, sur la pelouse entre la chancellerie fédérale et le Reichstag, pour dénoncer "une planète en danger de mort". Si le changement climatique est désormais la première préoccupation des Allemands, bien avant la situation économique ou sanitaire, selon le sondage Eurobaromètre publié cet été, Berlin a pourtant entamé depuis vingt ans un tournant écologique majeur. "Les énergies éoliennes et solaires ont progressé de manière spectaculaire, pointent les chercheurs Marie Delair et Thomas Pellerin-Carlin, dans une note de l’Institut Delors. Au point de permettre au pays d’entamer le chemin qui devrait l’amener à sortir du nucléaire en 2022, du charbon avant 2038 et d’atteindre la neutralité climat dès 2045."

Pour cette "Energiewende" (virage), la plus grosse économie du Vieux continent a cassé sa tirelire, investissant massivement, devenant le meilleur élève de la classe européenne. Juste avant la pandémie, l’institut économique de Munich Ifo avait tenté un chiffrage. "Les coûts supplémentaires systémiques cumulés pour la transition énergétique jusqu’en 2050 se situent entre 500 milliards d’euros et plus de 3.000 milliards d’euros. Cela correspond à une moyenne de 0,4 à 2,5% du produit intérieur brut annuel."

De fait, au fil des années, et à la faveur de coquettes déductions fiscales, les toits des maisons allemandes se sont couverts de panneaux solaires, tandis que le littoral se hérissait d’éoliennes. Directeur du bureau parisien de la Heinrich Böll-Stiftung, une fondation politique proche des Verts, Jens Althoff témoigne: "j’ai été frappé par le Schleswig-Holstein, land le plus septentrional, qui produit 180% de ses besoins en électricité." En écho, le ministre de l’Economie Peter Altmaier se félicitait récemment: "La part des énergies renouvelables dans la consommation d’électricité n’a cessé d’augmenter: elle est passée d’environ 6% en 2000 à environ 46% l’an dernier, ce qui signifie que l’objectif de 35% pour 2020 a été largement dépassé avant l’heure." Sans doute, parce que ce verdissement volontariste est largement accepté outre-Rhin.

Le vent souffle au nord, les usines tournent au sud

Certes il y a eu critiques, controverses et railleries, par exemple sur l’envol des factures d’électricité des ménages (ce sont eux qui financent une large part de la transition), sur les gaspillages en tous genres, sur les faillites spectaculaires des acteurs du solaire, sur le poids toujours excessif du charbon, sur le fait que le vent souffle au nord (au bord de la Baltique et de la mer du Nord) et que l'industrie et ses usines sont situées au sud (en Bavière et dans le Bade-Wurtemberg). Il a fallu creuser des tranchées titanesques pour acheminer la précieuse énergie…

Il n’empêche, les sondages témoignent d’une large adhésion de la population. Une étude Forsa de l’automne 2020 montre que 79% des Allemands jugent "important ou très important" le développement de l’énergie éolienne. Et que 12% seulement se disent "prêts à manifester" si un projet était prévu dans leur voisinage. "Il y a des protestations sporadiques, confirme l’ex-eurodéputé Vert Daniel Cohn-Bendit, mais rien à voir avec l’ampleur des mécontentements en France."

Le tournant est-il pour autant suffisant? Pas sûr. "Ce n’est plus un virage qu’il faut, mais une révolution", exhorte l’institut Delors, en écho aux jeunes activistes de Berlin et à la cour constitutionnelle de Karlsruhe, qui au printemps enjoignait le gouvernement à passer à la vitesse supérieure. Même, l’hebdomadaire économique Wirtschaftswoche a tiré le "signal d’alarme", juste avant les législatives. Et pour cause! Au premier semestre 2021, faute de vent suffisant, la part des énergies renouvelables a dégringolé dans la production d’électricité. Au profit du charbon, du très polluant charbon, qui s’est taillé la part du lion.

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