D'après Enrico Letta, la disparition de fait du veto britannique est positive.

Ancien Premier ministre italien, président de l'Institut Jacques Delors, fondateur de l'académie Notre Europe... Enrico Letta maîtrise les rouages de la politique européenne. Et la "grande attention" que porte la Commission au secteur industriel tombe à pic. "Il me semble qu'aujourd'hui, il y a beaucoup d'idées, il y a surtout la poussée politique et l'impression générale que le futur de l’Europe doit être un futur industriel, naturellement avec ce grand défi de marier la relance industrielle au développement durable". Un défi "complexe" et aussi "fascinant" : "je suis optimiste car je n'ai jamais vu autant d’engagement de la part des institutions européennes sur ces sujets", se réjouit Enrico Letta, qui voit en ce Next Generation EU une manne d'argent "qui servira à relancer l'économie, l'industrie, pour la lier au grand plan de développement durable et faire en sorte que ce soit effectivement décliné au futur et non pas au passé".

"Créer une fiscalité européenne beaucoup plus intégrée"

Mais ce grand projet de réindustrialisation requiert plusieurs conditions. Fiscales d'abord. "Maintenant que les Britanniques sont sortis de l'Union, on peut faire ce qu'on aurait dû et voulu faire auparavant, c'est-à-dire créer une fiscalité européenne beaucoup plus intégrée et éviter les paradis fiscaux de la zone euro", terreau de concurrence déloyale entre Etats. "Cet aspect-là est essentiel et maintenant que les Britanniques sont sortis, on n'a plus leur veto donc on peut faire un pas en avant assez important". Autre nécessité selon l'homme d'Etat, "la capacité de l'Union européenne à se tourner vers le futur et faire en sorte que les meilleures pratiques puissent aider les entreprises à travailler au mieux avec les nouvelles technologies. Faire en sorte que l'innovation technologique soit un aspect positif, un ami et non pas un ennemi de l'entrepreneur".

Dernière condition pour la route, et là les Britons sont habillés pour l'hiver : "qu'il y ait au niveau social européen une capacité de gérer cette crise en évitant le tremblement de terre qu'il y a eu dans beaucoup de pays de l'Union il y a 10 ans lors de la crise financière. Donc je salue avec une grande satisfaction le fait que ce plan de relance Next Generation EU veuille accompagner la réindustrialisation en faisant en sorte qu'il y ait la paix sociale. L’Europe sociale a toujours été l'un des grands drapeaux de ceux qui voulaient l’Europe, Jacques Delors s'est toujours battu sur ce sujet, il a toujours eu Thatcher contre lui, le veto britannique a toujours bloqué toutes ces avancées. Aujourd'hui on peut arriver à des résultats et je pense qu'il faut vraiment profiter de ce moment qui est le bon". Bye-bye...

Retrouvez l'intégralité de notre dossier sur l'industrie :

Episode 1 : Industrie et maintenant ?

Episode 2 : Agnès Pannier-Runacher : "Beaucoup d'entreprises sont déjà dans le rebond"

Episode 3 : Alexandre Saubot : "Pour qu'un maximum d'entreprises saisissent les opportunités"

Episode 4 : Thierry Breton : "Mettre le marché intérieur au coeur de nos efforts"

Episode 5 : Le Brexit, une aubaine ?