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Le Danemark prêt à une coalition gouvernementale d'un genre nouveau

Habituée des gouvernements minoritaires, la Première ministre, Mette Frederiksen, dont le Parti social-démocrate est sorti grand vainqueur des élections, veut tenter de former une coalition qui pourrait aller au-delà du bloc de gauche. Mais les négociations promettent d'être longues et frustrantes.

La reine du Danemark accueille la dirigeante du Parti social-démocrate et actuelle Première ministre, Mette Frederiksen, venue lui remettre sa démission après les élections.
La reine du Danemark accueille la dirigeante du Parti social-démocrate et actuelle Première ministre, Mette Frederiksen, venue lui remettre sa démission après les élections. (Ritzau Scanpix/Henning Bagger/Reuters)

Par Virginie Robert

Publié le 2 nov. 2022 à 18:33Mis à jour le 2 nov. 2022 à 18:49

Plusieurs combinaisons s'offrent aujourd'hui à Mette Frederiksen, dont le Parti social-démocrate a mieux réussi que prévu lors des législatives du 1er novembre : 27,6 % des voix, cinquante sièges et le rang de première formation sur les 12 partis désormais représentés au Folketing.

La Première ministre, qui a remis mercredi son mandat à la reine Margrethe II, va pouvoir former un nouveau gouvernement. « Elle souhaite former une coalition qui tende vers le centre car elle pense que cela peut garantir plus de stabilité aux réponses qui seront trouvées face aux crises actuelles, qui vont de l'inflation à l'énergie, à la guerre en Ukraine, en passant par le climat », explique Karin Thalberg, chercheuse à l'Institut Jacques Delors.

Grâce à l'appui de trois sièges venant des Iles Féroé et du Groenland, le bloc de gauche a pu emporter 90 sièges , soit la majorité sur les 179 que compte le Parlement, contre 73 pour la droite et l'extrême droite et 16 pour le centre. Elle n'a donc pas besoin, en théorie, d'aller chercher des alliés hors de son clan, d'autant que son parti a remporté son meilleur résultat depuis 2001.

Ce succès coupe aussi les effets de celui qu'on imaginait faiseur de roi entre la droite et la gauche : l'ancien Premier ministre du Parti libéral, Lars Lock Rasmussen, dont le nouveau parti, les Modérés, qui n'est affilié à aucun bloc, a gagné 9,3 % des suffrages. Un succès remarquable pour un nouvel entrant, mais qui ne lui donne pas la position d'arbitre qu'il souhaitait.

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Des compromis difficiles

« Cela va être difficile de se mettre d'accord sur une plateforme de coalition, remarque Karin Thalberg, car Mette Frederiksen a dit qu'elle ne voulait a priori exclure aucun parti et que l'accord serait fondé sur le contenu ». La droite est en effet réticente à s'allier avec elle et les Modérés devraient faire des compromis importants pour être compatibles avec les objectifs de certains partis de gauche. Certains observateurs pensent que dans un parlement aussi fragmenté, les négociations vont être extrêmement difficiles et prendront du temps. Pour former la coalition comme pour régler les accords-cadres.

« Si l'on observe l'exemple de la Suède, où le deuxième parti représenté au Parlement est celui des Démocrates suédois de l'extrême droite, on voit que le nouveau gouvernement suédois est moins ambitieux sur les questions de l'énergie et du climat », note Karin Thalberg. Les chrétiens-démocrates et les conservateurs suédois ont quitté l'accord sur l'énergie car ils veulent plus de nucléaire. Quant aux Démocrates suédois ils sont seuls à ne pas soutenir l'accord-cadre sur le climat et prennent la droite en otage sur cette question…

Au Danemark, le Parti du peuple, d'extrême droite, qui était devenu la première organisation politique en 2014, n'a cessé de reculer depuis, faute d'avoir accepté de prendre ses responsabilités et de participer à un gouvernement. Il n'a obtenu que 2,6 % des suffrages mardi, tandis que le nouveau parti des Démocrates danois (une émanation miroir du parti suédois) a obtenu 8,1 %. Mais s'il a perdu en poids électoral, il a réussi à faire adopter ses vues sur l'immigration illégale par une grosse partie de l'échiquier politique, y compris les sociaux-démocrates. Un sujet qui ne manquera pas de revenir sur le devant de la scène lors des discussions sur la formation du gouvernement, tout comme l'inflation, l'énergie et le climat.

Virginie Robert

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