Le Parlement européen vote la fin des ventes de véhicules thermiques neufs en 2035

Conclu au Parlement européen de Strasbourg malgré la forte résistance de l’industrie automobile, l’accord sur la fin des ventes de véhicules thermiques neufs en 2035 revêt une dimension historique pour l’engagement climatique de l’Union européenne (UE). Il place néanmoins les Européens face à une montagne de défis.

La mesure votée ce mercredi au Parlement européen concerne seulement la mise en vente de véhicules neufs (Illustration). LP/PHILIPPE LAVIEILLE
La mesure votée ce mercredi au Parlement européen concerne seulement la mise en vente de véhicules neufs (Illustration). LP/PHILIPPE LAVIEILLE

    La décision a été longue à prendre, peuplée de coups de théâtre mais finalement les eurodéputés ont voté ce mercredi en faveur de l’interdiction de la vente de voitures neuves thermiques sur le Vieux Continent à partir de 2035. La journée s’annonçait historique pour la politique climatique de l’Union européenne (UE). Elle l’a été puisque les 27 ont décidé de se donner les moyens d’atteindre le grand objectif des prochaines décennies, à savoir faire de l’Europe le premier continent neutre en carbone d’ici à 2050. Même si l’adoption du paquet climat ne s’est pas passée comme prévu puisque l’instauration d’une taxe carbone aux frontières du marché unique a été rejetée, la nouvelle réglementation concernant la vente de voitures et de camionnettes à essence, diesel et hybrides neufs ravira sans doute les défenseurs de l’environnement.

    La mesure va constituer une véritable révolution pour l’industrie automobile du Vieux continent. « Le texte ne concerne que les voitures neuves, et non le marché de l’occasion, donc. Et, pour clarifier, une voiture neuve à moteur thermique achetée en 2034 pourra toujours être utilisée au-delà de 2035 », précise Phuc-Vinh Nguyen, chercheur de l’Institut Jacques Delors. « La logique derrière est d’acter la disparition quasi totale des voitures thermiques des routes en 2050, leur durée de vie étant d’environ 16 ans », ajoute ce spécialiste de la politique énergétique de l’UE.

    Une avancée acquise de haute lutte. Car là aussi, les industriels n’ont pas manqué d’user de leur influence. Très réceptifs au lobby des grands groupes, allemands en particulier - Volkswagen en tête de file - les députés de la droite européenne ont poussé pour que les constructeurs soient tout de même autorisés à vendre 10 % de voitures et camionnettes neuves émettrices de CO2 après 2035. Sans succès. « Cela aurait été de facto incompatible avec les engagements climatiques de l’Europe », martèle Pascal Canfin, le très influent président macroniste de la commission de l’Environnement du Parlement européen.

    La balle dans le camp des États

    L’étape franchie mercredi était importante, mais pas encore décisive. La mesure fera l’objet d’une ultime phase de négociation, dans les prochaines semaines, entre le Parlement et le Conseil, lequel réunit les 27 États membres, mais dont l’ambition devrait, a priori, être similaire. « L’argumentaire des constructeurs ne tient pas debout. Il repose sur une vision techno optimiste selon laquelle les innovations éventuelles pourraient nous permettre de tenir nos objectifs climatiques avec des voitures thermiques. Ce type de raisonnement n’est plus entendable compte tenu de l’urgence à laquelle nous faisons face », abonde Phuc-Vinh Nguyen. Le récent rapport des experts du climat (Giec) rappelait les défis climatiques à affronter dès les prochaines années.

    Quid des craintes de répercussions négatives sur l’emploi agitées par ces lobbys ? « Ce compromis va laisser douze ans à l’industrie pour s’adapter, ce qui est tout à fait réalisable si l’on investit dès maintenant dans la reconversion, et dans la formation pour orienter les nouveaux entrants et les apprentis vers cette filière d’avenir », tranche le chercheur.

    Outre l’emploi, l’électrification du parc automobile du Vieux continent place l’UE face à une montagne de défis. À commencer par la nécessité de déployer 7 millions de bornes de recharges à travers les territoires, mais également de s’affranchir de la dépendance envers la Chine pour la production de batteries électriques. Deux sujets sur lesquels les ambitions affichées sont hautes, à Paris comme à Bruxelles. Place aux actes.