C’est la troisième fois que Marine Le Pen se livre au détail du chiffrage de son programme, ce passage obligé de la campagne présidentielle. Et c’est la troisième fois que la candidate du Rassemblement national (RN) transforme cet exercice en étape de sa normalisation. Cette année, assure-t-elle, son programme est «crédible» et «financièrement» équilibré avec 68,3 milliards d’euros de dépenses ou de recettes en moins compensées, ainsi que 100 autres milliards de supposées «mesures sans conséquence budgétaire».
Pour preuve de son sérieux, elle aurait abandonné la sortie de la France de l’Union européenne et de la zone euro. Du moins dans son discours, car plusieurs mesures pourraient aboutir au même résultat : la baisse de 5 milliards d’euros de la contribution de la France au budget européen et la primauté du droit national sur le droit européen. «Un Etat ne peut pas décider unilatéralement de baisser sa contribution au budget européen. Cela n’est jamais arrivé, cela déclencherait une procédure d’infraction. Ces mesures sont à même de remettre en cause l’appartenance de la France à l’Union européenne», remarque Eulalia Rubio, chercheuse senior à l’institut Jacques-Delors. Son rétropédalage sur les retraites est aussi censé attester d’un nouvel équilibre entre mesures sociales et sérieux budgét