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Le réseau électrique, maillon faible de l'économie suédoise

L'explosion des coûts de l'électricité a été au coeur de la campagne des législatives et a nécessité de nouvelles aides du gouvernement. C'est le résultat d'un manque d'investissements dans les capacités réseaux du pays alors que la Suède est devenue le premier exportateur en Europe.

Les prix de l'électricité ont explosé dans le sud de la Suède, divisée en quatre zones tarifaires.
Les prix de l'électricité ont explosé dans le sud de la Suède, divisée en quatre zones tarifaires. (Jeppe Gustafsson/SIPA)

Par Virginie Robert

Publié le 10 sept. 2022 à 09:00Mis à jour le 11 sept. 2022 à 12:07

En Suède, tout le monde ne parle que de ça. La facture électrique. Alors que le pays est devenu le premier exportateur d'électricité en Europe , devançant la France, il est placé devant ce paradoxe : le Nord, gros producteur (hydraulique et éolien), n'arrive pas à alimenter correctement le Sud (en déficit malgré ses centrales nucléaires), faute de réseaux suffisants.

Le pays importe donc de l'énergie de ses voisins, dont les prix ne cessent de monter. Le prix cet hiver sera de 0,8 couronne suédoise (7 centimes d'euro) par kWh dans le Nord, entre 2,3 et 2,5 dans le sud selon le fournisseur suédois d'électricité Bixia. « Pourquoi est-ce qu'on exporte toute cette électricité quand nos prix ont augmenté autant ? C'est quelque chose qu'il est difficile de comprendre pour beaucoup de gens », remarque Karin Thalberg, chercheuse à l'Institut Jacques Delors. Le sujet est explosif, une vraie Cocotte-Minute. Le bloc de droite envisage même de renforcer le nucléaire, auxquels les Suédois avaient pourtant décidé de renoncer, pour assurer une plus grande stabilité de la production d'électricité.

« En ce qui concerne l'énergie, nous sommes comme dans une économie de guerre », a admis la Première ministre Magdalena Andersson. Elle a annoncé mi-août un paquet de 60 milliards de couronnes suédoises (5,6 milliards d'euros) pour soulager ménages et entreprises, après un premier train de subventions entre décembre et mars, attribuées quel que soit le niveau de revenu ou de consommation. Des mesures critiquées, vues comme une surenchère d'aides avant les législatives de dimanche.

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Effet pervers

« Les aides proposées peuvent avoir des effets pervers sur l'économie à long terme et n'incitent pas à réduire la consommation, estime Karin Thalberg. La réalité c'est que nous n'avons pas assez investi sur les réseaux et que le développement des éoliennes dans le Sud a rencontré une forte opposition. La crise des énergies fossiles montre toutes les vulnérabilités des capacités à s'adapter aux prix qui augmentent. »

Conséquence de la guerre en Ukraine et d'une inflation supérieure à 8 %, qui pèse sur une économie fortement exportatrice, le gouvernement a abaissé à 0,4 % sa prévision de croissance pour 2023 après une hausse du PIB de 2,3 % prévue cette année. La consommation des ménages a commencé à reculer, les prix de l'immobilier aussi. Si la dette publique est basse, la dette privée est élevée et « les ménages mais aussi le secteur immobilier sont très sensibles aux hausses de taux de la Riksbank », observe Knut Hallberg, senior économiste à la Swedbank.

Années perdues

En termes de politique économique, la précédente législature, avec des budgets difficiles à faire voter, des gouvernements qui sont tombés et des alliances renversées, a abouti à « quatre années perdues, affirme Knut Hallberg. Sans majorité, le prochain gouvernement aura des difficultés à agir et à mener les réformes structurelles nécessaires ».

Or l'activité va ralentir et il importe désormais de redynamiser la croissance tout en finançant des investissements trop longtemps attendus, pour moderniser le réseau électrique, accélérer l'intégration de la population immigrée, renforcer le secteur de la santé et les services publics qui ont déserté certaines régions, et investir dans la défense. « Faute de quoi, une politique économique inégalitaire, qui ignorerait les défis sociétaux et négligerait de relancer la croissance sera mal interprétée sur le long terme », prévient l'économiste.

Une grosse échéance est prévue l'an prochain entre le gouvernement et les syndicats. Ces derniers vont devoir négocier les hausses de salaires dans un contexte où le chômage est à 7 %, l'inflation élevée mais la profitabilité des entreprises bonne malgré la pandémie. « Cela augure de négociations salariales difficiles et cela va être un défi de contenir l'inflation si les salaires augmentent », prévient Knut Hallberg.

Virginie Robert (Envoyée spéciale à Stockholm)

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