L’économie européenne, entre menace chinoise et concurrence américaine

Malgré la violence de la crise énergétique, l’économie européenne tient bon. La catastrophe annoncée pour l’économie européenne, voulue par le président russe, Vladimir Poutine, n’a pas eu lieu. Plus d’un an après le début de la guerre en Ukraine, la région a subi un sérieux coup de frein, mais pas l’effondrement craint à l’été 2022, quand les prix du gaz atteignaient des records.

Bilan d’une gestion européenne de la crise énergétique

Pour faire face à la diminution de gaz russe, l'Union européenne a massivement augmenté ses importations de GNL, en particulier des États-Unis, Sébastien Jean ajoute "l'Europe s'est adapté en utilisant une multiplicité de marges de manœuvre, aussi bien du côté de la demande que de l'offre. On a réussi à faire face à cette coupure massive du gaz russe avec beaucoup de mesures différents : de la sobriété dans la demande des ménages, elle a baissé de 15% ce qui est une vraie surprise ; avec beaucoup d'adaptation dans l'industrie et des gains d'efficacité notables ; des ajustements dans certains secteurs très touchés comme  la production d'engrais ou d'azote ont beaucoup réduit leur activité ; des ajustements dans le mix énergétique...tout cela fait que l'économie européenne n'est pas passée en négatif", Elvire Fabry poursuit "les Européens se sont surpris eux-mêmes, à la fois par cette capacité de coordination pour réorienter toute la stratégie des Etats membres, alors qu'ils ont tous des mix énergétiques différents ce qui est très complexe à gérer. Cela a aussi été l'occasion d'accélérer le tournant de l'Union européenne vers les énergies renouvelables. Il y a donc un aspect positif, car cela a relancé tous les plans de développement des infrastructures d'énergie solaire ou des éoliennes à travers toute l'Europe".

Une volonté de sécuriser l’économie européenne

La politique industrielle fera partie des sujets abordés au Conseil européen qui se tient les 29 et 30 juin 2023, il y a désormais un consensus sur la nécessité de rendre le Vieux continent moins dépendant des grandes puissances étrangères, selon Jean-Marc Daniel "ce qu'il y a de singulier c'est que l'Union européenne est un lieu où on développe la pensée protectionniste alors que c'est la zone du monde qui dégage le plus d'excédents extérieurs. C'est elle qui bénéficie le plus de l'ouverture et de la mondialisation, avec 350 milliards d'euros d'excédents extérieurs de l'Union européenne. Cependant l'Union européenne a comme problème d'avoir été dépendant d'un fournisseur principal, à savoir la Chine, et la question est de savoir si on doit substituer à la Chine des productions européennes, ou faut-il chercher, dans le cadre d'une mondialisation qui se poursuit, de nouveaux fournisseurs ? Enfin, l'intérêt de l'Europe, à partir du moment où sa population est vieillissante, c'est de garder dans la mondialisation sa capacité à exporter des capitaux. L'Inde va devenir une puissance économique importante, l'enjeu pour l'Europe, c'est d'être propriétaire d'usines en Inde".

Pour aller plus loin

• Jean-Marc Daniel : Histoire de l'économie mondiale (coll. Texto, Tallandier, 2023)
• Jean-Marc Daniel : Redécouvrir les physiocrates (Odile Jacob, 2022)
• Isabelle Bensidoun et Sébastien Jean : La folle histoire de la mondialisation (Les Arènes, 2021)
• Elvire Fabry " La guerre des minerais aura-t-elle lieu ?", Institut Jacques Delors

Références sonores

• Ursula Von der Leyen sur la crise énergétique annoncée, FRANCE 24 Davos 20 janvier 2023
• Olaf Sholtz sur la santé de l’économie allemande,  LE FIGARO 25 mai 2023
• Discours de Macron à La Haye sur l’industrie européenne, BFMTV11 avril 2023

Références musicales

• I will survive, par Cake
• Futbol, par Rahill