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Les Européens demandent à la Chine de se positionner face à la Russie

Au cours du sommet UE-Chine de ce vendredi, les Européens veulent faire comprendre à Pékin que son attitude dans la guerre ukrainienne sera déterminante pour les relations futures entre les deux blocs. Ils veulent aussi proposer des coopérations sur le climat.

Le président du Conseil, Charles Michel, et la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, saluent le président Chinois lors d'un précédent sommet virtuel UE-Chine, en juin 2020.
Le président du Conseil, Charles Michel, et la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, saluent le président Chinois lors d'un précédent sommet virtuel UE-Chine, en juin 2020. (YVES HERMAN/POOL/AFP))

Par Karl De Meyer

Publié le 1 avr. 2022 à 06:30Mis à jour le 1 avr. 2022 à 08:45

Une semaine après la participation de Joe Biden au sommet européen de printemps à Bruxelles, les dirigeants de l'UE, Josep Borrell, le chef de la diplomatie, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, et Charles Michel, le président du Conseil rencontrent ce vendredi par téléconférence le président chinois Xi Jinping et son premier ministre, Li Keqiang.

Ce 23e sommet UE-Chine, qui intervient cinq semaines après l'invasion de l'Ukraine, est évidemment dominé par le conflit. Il ne doit pas aboutir à de nouveaux accords ou partenariats concrets, mais faire passer des messages. « C'est déjà une bonne chose que la réunion ait été confirmée, compte tenu du trou d'air que connaissent les relations UE-Chine depuis au moins le printemps 2021. Il est important que le dialogue soit maintenu », indique Elvire Fabry de l'Institut Jacques-Delors.

Echanges commerciaux au plus haut

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Les Européens, aiguillonnés en ce sens par Joe Biden la semaine dernière, vont demander aux Chinois de se positionner clairement par rapport à Moscou et leur faire comprendre que leur attitude aura un impact déterminant sur la relation future entre les deux blocs. « Les échanges entre l'Union européenne et la Chine n'ont jamais été aussi intenses qu'en 2021, avec 828 milliards de dollars de biens et services échangés, mais l'UE n'hésite plus à se montrer critique vis-à-vis de son partenaire chinois », écrivent les experts du Centre de politique européenne dans une note de cette semaine. L'UE est le premier partenaire commercial de la Chine , à l'import comme à l'export.

Alors que plusieurs responsables chinois ont repris le « narratif » russe sur la responsabilité de l'Otan dans le déclenchement de la guerre, les Européens vont rappeler à leurs interlocuteurs quelques principes auxquels ils semblent attachés : non-ingérence, souveraineté territoriale notamment. Ils devraient aussi souligner le risque réputationnel que prendrait Pékin à soutenir verbalement, militairement ou économiquement, son voisin russe.

« A minima, il faut maintenir la Chine sur sa ligne de crête actuelle, selon Elvire Fabry. C'est possible car elle n'a pas intérêt à voir la guerre avoir un effet encore plus toxique sur son économie, pénalisée par une consommation interne en baisse. Elle ne veut pas voir l'Europe, première puissance commerciale mondiale, se fermer à elle. »

Fermeté européenne

Les Européens ont montré leurs muscles au cours des derniers mois, notamment pour défendre un Etat membre, la Lituanie, victime de représailles commerciales de la part de Pékin pour avoir sur son territoire un « bureau de représentation de Taïwan ». En décembre, la Commission a adopté un nouvel instrument « anti-coercition » pour ce genre de cas.

En mars, les Vingt-Sept ont adopté un outil de réciprocité pour ouvrir les marchés publics des pays tiers jusqu'ici fermés et travaillent sur un autre texte sur les subventions illégales. L'accord général sur les investissements, arraché au forceps par Angela Merkel à la fin de la présidence allemande de l'Union, fin 2020, face à certains partenaires européens hésitants, est gelé, en raison de la dénonciation par l'Union du traitement des Ouïghours et de la répression des manifestants pro-démocratie à Hong-Kong.

La nouvelle fermeté de l'UE a été permise par le changement de coalition à Berlin, l'an dernier. « Le contrat de coalition de 2021, encore très amène à l'égard de la Russie, avait un vocabulaire beaucoup plus fort à l'égard de la Chine, rappelle Janka Oertel, de l'ECFR (Conseil européen des relations internationales). Le gouvernement Scholz a bien conscience qu'il a besoin d'une nouvelle approche. »

Axes de coopération

Les Européens sortiront également des cartes de coopération, notamment en ce qui concerne la gestion de la pandémie. Autre axe possible de travail en commun : la transition climatique, alors que Pékin affiche un objectif de neutralité carbone pour 2060 . Le Centre de politique européenne voit là de possibles « nouvelles synergies sino-européennes ». Pour Janka Oertel, « la question chinoise se situe en effet à l'intersection de la stratégie indo-pacifique, de l'initiative de connectivité dite Global Gateways et de l'agenda vert de l'UE, mais il faudra veiller à ne pas créer de dangereuses dépendances à l'égard de la Chine dans les chaînes d'approvisionnement des technologies propres ».

Karl De Meyer (Bureau de Bruxelles)

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