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Les Vingt-Sept cherchent toujours la bonne attitude de fermeté face à Moscou

Après le sommet avec les pays du voisinage oriental, les chefs d'Etat et de gouvernement débattent ce jeudi de la meilleure manière d'assurer une « désescalade » avec la Russie.Ils veulent aussi parler vaccins, énergie, Afrique et préparer le sommet sur un nouveau modèle de croissance et d'investissement qu'organisera la France en mars.

Le nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz, a déjà rencontré à Bruxelles le président du Conseil, Charles Michel, le 10 décembre.
Le nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz, a déjà rencontré à Bruxelles le président du Conseil, Charles Michel, le 10 décembre. (Aris Oikonomou/AFP)

Par Karl De Meyer

Publié le 15 déc. 2021 à 18:35Mis à jour le 16 déc. 2021 à 16:48

Le sommet européen de ce jeudi accueillera de nouvelles têtes autour de la table des discussions : le nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz , le nouveau chancelier autrichien, Karl Nehammer, et la nouvelle Première ministre suédoise, Magdalena Andersson . Les nouveaux venus trouvent pour leur baptême du feu un agenda très chargé, ramassé sur une journée.

Au lendemain d'un premier sommet avec les pays du voisinage oriental de l'UE, les Vingt-Sept devront choisir les bons mots, dans leurs conclusions, pour faire comprendre à la Russie qu'ils sont prêts à la sanctionner sévèrement en cas d'agression de l'Ukraine, sans la provoquer - le maître mot est « désescalade ». Alors que Moscou cherche peu ou prou une « finlandisation » des anciennes républiques soviétiques qui l'entourent, il y a deux camps au sein de la famille européenne, qui vient de prendre des mesures contre la milice privée russe Wagner . Les plus grands pays (France, Allemagne, Italie, Espagne) militent pour des déclarations fermes mais générales, quand un groupe de plus petits pays, notamment sur le flanc oriental de l'Union, voudraient que l'UE détaille rapidement un arsenal de sanctions précises prêtes à être adoptées.

Pour les « grands » pays, cette stratégie est risquée, d'abord parce qu'elle finirait probablement par « fuiter » dans les médias, ensuite parce que les sanctions anticipées pourraient se révéler in fine inadaptées à la possible agression russe. Parmi les mesures de rétorsion évoquées à Bruxelles figurent des sanctions dans les domaines de la finance et de l'énergie. L'Allemagne pourrait par exemple décider de ne pas mettre en service le gazoduc Nordstream 2 conçu pour acheminer du gaz directement de Russie en Allemagne via la Baltique.

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Nouvelle Ostpolitik

Avant de s'envoler pour Bruxelles, Olaf Scholz a expliqué mercredi aux députés du Bundestag qu'il souhaitait s'engager dans « un dialogue constructif » avec Moscou, évoquant une nouvelle « Ostpolitik », en référence à son lointain prédécesseur Willy Brandt. « Mais dans une Europe unifiée, une Ostpolitik ne peut se faire qu'au niveau européen », a-t-il déclaré. Selon Sébastien Maillard, directeur de l'Institut Jacques-Delors, « l'un des enjeux de ce sommet, c'est effectivement que Vladimir Poutine prenne enfin au sérieux l'UE en tant que telle comme interlocuteur, et non plus seulement les Etats comme la France ou l'Allemagne. Mais l'Europe comme puissance est un processus lent ».

Accélérer le partage des vaccins

Les Vingt-Sept veulent aussi examiner la situation sanitaire et déterminer comment en même temps accélérer l'administration des troisièmes doses de vaccins en Europe ; assurer l'harmonisation des règles de circulation pour les Européens à l'intérieur de l'Union et pour les citoyens des pays tiers voulant entrer dans l'Union ; enfin donner plus de doses aux pays tiers qui en ont besoin. Sur ce dernier point, les dirigeants ressentent une demande forte de leurs partenaires africains, particulièrement vulnérables. Un sommet UE-Afrique est prévu en février à Bruxelles.

Marché de détail de l'électricité

Les chefs d'Etat et de gouvernement se pencheront aussi à nouveau sur l'inflation énergétique. Un rapport de l'Autorité européenne des marchés financiers conclut qu'il n'y a pas eu de manipulation sur le marché du carbone. Mais plusieurs pays, dont la France, veulent réfléchir à une réforme du marché de détail de l'électricité, au bénéfice des ménages.

En fin de journée, un sommet de la zone euro avec Christine Lagarde, présidente de la BCE, examinera enfin la situation économique et débattra de la réforme du Pacte de stabilité . Paris voit dans ce forum une occasion de baliser le sommet sur le « nouveau modèle de croissance et d'investissement » de l'UE prévu pour le mois de mars.

Roberta Metsola se rapproche de la présidence du Parlement

Le socialiste David Sassoli, le président du Parlement européen, ne va finalement pas chercher une reconduction en janvier. Il a un moment cherché à remettre en cause un accord passé en 2019 entre les conservateurs du PPE, les sociaux-démocrates de S&D et les centristes de Renew, au terme duquel la présidence de l'hémicycle reviendrait en 2022 à un conservateur. Mais visiblement, la cheffe de son groupe n'est pas parvenue à former une coalition suffisante pour le soutenir lui ou une autre candidature sociale-démocrate. La Maltaise Roberta Metsola, candidate officielle du PPE, semble donc très bien positionnée. Les autres groupes vont maintenant négocier avec elle des engagements en contrepartie de leur soutien.

Karl De Meyer (Bureau de Bruxelles)

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