Dans la lettre qu’il a adressée aux chefs d’Etat et de gouvernement, quelques jours avant de les recevoir à Bruxelles, jeudi 29 et vendredi 30 juin, Charles Michel, le président du Conseil européen, les invite à « établir un plan de travail » pour préparer l’élargissement de l’Union européenne (UE) alors que l’Ukraine, la Moldavie et les pays des Balkans occidentaux frappent à la porte. « Nous devons nous pencher sérieusement sur le processus de cette intégration et sur notre capacité d’absorption », souligne-t-il.
Face à la Russie, les Vingt-Sept en sont désormais convaincus, la meilleure des réponses à apporter, c’est de soutenir toujours plus Kiev, de lier son destin à celui de la famille européenne. Dans le même temps, ils ne peuvent ignorer ni Chisinau ni les Balkans qui s’impatientent après tant d’années dans l’antichambre de l’UE : à trop les désespérer, ils risqueraient de les jeter dans les bras de Moscou. Ils ne peuvent pas non plus éluder la question du coût de l’élargissement, financier et politique, qui s’annonce très lourd.
Lorsqu’ils ont accordé à l’Ukraine et à la Moldavie le statut de candidat à l’UE, il y a un an, les Européens n’étaient pas tous convaincus de la sagesse de cette décision. Berlin, Paris et La Haye y sont allés à reculons. Mais la raison géopolitique l’a emporté. Ils ont donc entrouvert leur porte à Kiev, en lui demandant de mener à bien une série de réformes afin que les négociations pour son accession à l’UE puissent démarrer.
Depuis, les combats se sont poursuivis, la guerre s’est installée, Volodymyr Zelensky, le président ukrainien, a continué à mettre les Européens sous pression. « Politiquement, il est compliqué d’envoyer un autre message que celui de l’ouverture des négociations », juge Sébastien Maillard, directeur de l’Institut Jacques-Delors. Pour autant, l’Ukraine reste très loin des standards communautaires en matière sociale, économique, environnementale et d’Etat de droit.
Les Etats membres de l’UE partagés sur la marche à suivre
En un an, elle n’a fait que de légers progrès sur le chemin que les Vingt-Sept lui ont tracé. Selon une première évaluation de la Commission européenne, le 21 juin, seules deux des sept conditions requises afin que son statut de candidat soit confirmé sont, à ce stade, remplies : la réforme de la justice et la défense de l’indépendance des médias. Pour le reste – le droit des minorités, la « désoligarquisation », la lutte contre la corruption… –, le compte n’y est pas. « Un pays en guerre ne peut pas faire certaines réformes », constate un diplomate européen.
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