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L'Europe dope son arsenal anti-crise sanitaire

La Commission européenne va prendre de nouvelles mesures pour être mieux préparée en cas de nouvelle crise sanitaire. La stratégie globale de l'UE pour la santé pour les dix prochaines années met l'accent sur les partenariats internationaux.

En matière de santé, la Commission a tiré les leçons du Covid.
En matière de santé, la Commission a tiré les leçons du Covid. (Philippe LOPEZ/AFP)

Par Fabienne Schmitt

Publié le 30 nov. 2022 à 16:13Mis à jour le 1 déc. 2022 à 12:31

Trois ans après la pandémie qui a mis en lumière les failles de l'Europe, notamment pour l'accès aux doses de vaccins, et bien qu'elle ait déjà pris plusieurs mesures réglementaires pour se mettre en ordre de bataille pour affronter les prochaines menaces sanitaires, Bruxelles veut aller plus loin.

Mercredi, la Commission européenne a publié pour la première fois un rapport sur l'état de préparation du Vieux Continent en cas de crise majeure, qui propose de mettre en place d'autres mesures pour faire face à de nouvelles menaces. Un combat qui figure aussi parmi les priorités de la nouvelle stratégie globale de l'UE pour la santé pour les dix prochaines années, dévoilée également mercredi.

« Ces menaces peuvent être chimiques, biologiques ou nucléaires, ou des pandémies, y compris le tueur silencieux qu'est la résistance aux antimicrobiens », souligne la Commission. ​Un accès plus équitable aux vaccins en renforçant les systèmes pharmaceutiques et les capacités de fabrication, des règles internationales contraignantes sur les pandémies, une approche globale mixant environnement, santé animale/végétale et santé humaine sont autant de propositions d'action de la Commission.

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A Bruxelles, tous les hauts fonctionnaires le jurent : la Commission a tiré les leçons du Covid. « Il y a eu des avancées législatives importantes ces deux dernières années, qui ont permis de répondre à des lacunes sur les questions de surveillance, de capacités de production ou encore de réserves médicales, mais il faut aller plus loin, constate Isabelle Marchais, chercheuse associée à l'Institut Jacques Delors. Quand on voit la vitesse à laquelle les virus peuvent muter, il faut par exemple être capable de mettre au point des vaccins adaptés aux variants et de les produire rapidement. »

Produire des vaccins en temps voulu

Pour assurer la production de vaccins en temps voulu pour protéger sa population, Bruxelles s'apprête à prendre une mesure assez originale. La Commission va financer des entreprises qui s'engageraient, en cas de crise sanitaire, à basculer leur production vers de nouveaux vaccins qui seraient disponibles. « L'Europe s'achète une police d'assurance, commente un haut fonctionnaire. Comme pour une maison, vous payez la prime chaque année et quand il y a un incendie, vous êtes content de l'avoir ».

Bruxelles veut aussi débloquer 80 millions d'euros pour développer des vaccins de deuxième génération ou encore investir dans la recherche et développement de nouvelles réponses médicales. « Parfois, on a le sentiment que les vaccins modifiés ont été développés en moins d'un an, mais c'est faux. C'est parce qu'il y a eu des investissements de longue date dans la technologie ARN que l'on a pu faire rapidement des vaccins contre le Covid », pointe un haut fonctionnaire européen.

La Commission veut notamment créer un fonds européen baptisé Hera Invest - du nom de l'autorité européenne de santé de l'Europe créée pour prévenir et contrer les prochaines crises sanitaires -, doté de 100 millions d'euros, qui s'attaquerait aux problèmes de financement des entreprises qui développent de nouvelles réponses médicales. Une enveloppe financière qui paraît bien mince au regard des milliards de dollars dépensés par la Barda, l'homologue américaine d'Hera. « Ce n'est qu'un point de départ. L'idée, ce serait d'essayer de faciliter le développement de start-up avec des produits innovants », explique-t-on à Bruxelles.

Au-delà, dans sa stratégie globale pour la santé, la Commission pousse à la multiplication des partenariats internationaux. « Nous ne pouvons pas penser que si nous investissons dans la santé uniquement en Europe nous sommes en sécurité car ce n'est pas le cas : nous devons investir collectivement davantage dans la santé au niveau mondial », assure Stella Kyriakidou, la commissaire européenne à la Santé, déplorant l'approche « nationaliste » de certains Etats sur les vaccins pendant la pandémie.

Partenariats internationaux

L'Europe souhaite jouer un rôle de « chef de file » mondial, selon les propres termes de la commissaire, dans la préparation à des mesures d'urgence sanitaire, notamment grâce à son agence Hera.

Un accord de coopération a été signé avec la Barda, et d'autres sont en cours de négociation avec la Corée du Sud et le Japon ou encore avec l'OMS, pierre angulaire du système de santé international, même si l'institution a été critiquée lors de la pandémie. L'UE va demander à y avoir une place autour de la table, à savoir un statut d'observateur avec un droit de participation.

Ces grands partenariats internationaux doivent contribuer à l'élaboration des mesures de lutte contre le Covid, l'accès à des vaccins contre la variole du singe et le financement d'essais cliniques pour les vaccins Ebola. Ils sont d'autant plus importants à multiplier pour l'Europe qui affiche de fortes ambitions dans la santé, tout en ne mettant pas toujours, en face, les moyens de les financer.

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Fabienne Schmitt (Bureau de Bruxelles)

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