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L'Irlandais Paschal Donohoe reconduit à la présidence de l'Eurogroupe

A la tête de la réunion informelle des ministres des Finances de la zone euro, l'homme aura fort à faire l'an prochain. Il lui faudra trouver un consensus sur les règles budgétaires européennes, un sujet qui divise encore le nord et le sud du continent.

Le ministre des Finances irlandais, Paschal Donohoe, devrait faire un deuxième mandat à la présidence de l'Eurogroupe.
Le ministre des Finances irlandais, Paschal Donohoe, devrait faire un deuxième mandat à la présidence de l'Eurogroupe. (Paul Faith/AFP)

Par Guillaume de Calignon

Publié le 5 déc. 2022 à 19:13Mis à jour le 5 déc. 2022 à 19:22

Il rempile pour deux ans et demi. Le ministre des Finances irlandais, Paschal Donohoe, gardera la présidence de l'Eurogroupe, ce comité qui rassemble les 19 ministres des Finances des Etats membres de la zone euro (20 à partir de janvier avec la Croatie). Membre du Fine Gael, le parti de centre droit, cet homme de 48 ans a été élu par ses homologues lundi soir à Bruxelles.

Il était le seul candidat déclaré. L'Eurogroupe étant une réunion informelle, une sorte de groupe d'influence à l'intérieur duquel se fabrique le consensus sur des sujets parfois compliqués et toujours techniques, les postulants se bousculent rarement.

Un homme relativement consensuel

Interrogé par le « Sunday Times » en 2021, Paschal Donohoe expliquait avoir « commencé sa carrière chez Procter & Gamble en vendant du savon, de la poudre et des Pampers », tout en conduisant une vieille Opel dans l'est de Londres et à Birmingham. Mais la volonté n'est pas sa seule qualité.

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« Son premier mandat commencé en 2020 a révélé un homme relativement consensuel », explique Pierre Jaillet, chercheur associé à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS) et à l'Institut Jacques-Delors. Sur un dossier tel que l'imposition minimum des multinationales, l'intérêt de l'Irlande, territoire où les taxes sont faibles, n'était pas aligné avec celui des autres Etats membres. Mais le président de l'Eurogroupe a accepté la ligne collective , non sans avoir obtenu quelques exemptions.

Le futur pacte budgétaire

Lors de son deuxième mandat, Paschal Donohoe va devoir faire preuve de beaucoup de diplomatie. Car un gros sujet l'attend. Il devait d'ailleurs être à l'ordre du jour de l'Eurogroupe de lundi mais devant les affrontements potentiels, il a été reporté. Il s'agit du débat sur les nouvelles règles budgétaires.

Le mois dernier, la Commission européenne a communiqué ses propositions pour le futur pacte budgétaire qui doivent désormais être discutées par les Etats membres. Celles-ci sont présentées comme étant plus flexibles, plus simples et plus transparentes que les règles précédentes. Il semble que la proposition de l'exécutif bruxellois donne satisfaction à la France, à l'Italie et à l'Espagne.

En revanche, l'Allemagne et d'autres pays tels que l'Autriche y sont opposés. Les Etats membres disposeraient de quatre ans minimum pour faire revenir leurs finances publiques dans les clous, et pourraient déduire de leur déficit public certaines dépenses jugées productives à terme. Mais les sanctions restent très floues . Or, dans un document transmis par l'Allemagne à la Commission en début d'année, le gouvernement précisait que « la flexibilité doit aller de pair avec des limites clairement définies et avec des mécanismes améliorés pour faire respecter les règles ».

Bref, le dossier a tout pour donner naissance à un nouvel affrontement entre le nord et le sud du continent, à de nouvelles réunions sans fin et des discussions de marchands de tapis. D'autant que si les règles et sanctions ne sont pas jugées claires par l'Allemagne, il sera complètement illusoire de la voir accepter une quelconque mutualisation de nouvelles dettes publiques destinées à financer des investissements à l'avenir.

Or il va falloir arriver à un accord d'ici l'été 2023. Et plus les divergences économiques entre les pays s'accentuent, plus l'obstacle pour arriver à une politique budgétaire commune est élevé. Dans ce contexte, on comprend encore mieux l'élection de Paschal Donohoe à la tête de l'Eurogroupe : « Il fallait que le président de l'Eurogroupe soit issu d'un petit pays, si possible qui ne fasse pas partie du camp des Etats du sud ni de ceux du nord », explique Pierre Jaillet.

Guillaume de Calignon

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