Publicité

L'UE et la Nouvelle-Zélande se rapprochent d'un accord commercial

La visite de la Première ministre néo-zélandaise à Bruxelles, ce jeudi, pourrait être l'occasion d'annoncer la signature d'un nouveau traité commercial avec l'UE « de nouvelle génération ». Mais les négociations sont dures et les filières bovine et laitière européennes s'inquiètent.

La Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern est arrivée au pouvoir en 2017 à Wellington.
La Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern est arrivée au pouvoir en 2017 à Wellington. (Marty MELVILLE/AFP)

Par Karl De Meyer

Publié le 29 juin 2022 à 17:08Mis à jour le 29 juin 2022 à 20:51

Après avoir assisté au sommet de l'Otan à Madrid, Jacinda Ardern sera jeudi à Bruxelles, où elle rencontrera notamment Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Les deux dirigeantes pourront-elles annoncer la conclusion d'un accord commercial entre l'UE et la Nouvelle-Zélande ? Les discussions dans ce but se poursuivaient en tout cas à un train d'enfer mercredi.

Pour l'Union européenne, ce serait un moyen de démontrer qu'elle est toujours en mesure de nouer - et de ratifier - des accords, alors que celui avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) n'est jamais entré en vigueur, notamment à cause des questions de déforestation et de crédibilité politique du président brésilien, Jair Bolsonaro.

Dans le contexte géopolitique actuel, un accord avec la Nouvelle-Zélande renforcerait l'influence européenne dans la zone Pacifique. L'Union est désireuse de souligner une communauté de valeurs avec une dirigeante travailliste, progressiste, qui a acquis depuis son élection en 2017 une grande visibilité internationale , proportionnellement très supérieure à la taille de son pays (5 millions d'habitants).

« L'UE a des motivations plus géopolitiques, car elle souhaite à la fois développer son influence dans le Pacifique et démontrer sa capacité de négociation commerciale, quand des Etats membres comme la Tchéquie ou la Suède s'inquiètent de l'immobilisme des dernières années. La Nouvelle-Zélande, elle, est beaucoup plus dans une logique de diversification géographique pour se libérer de sa dépendance à la Chine », résume Elvire Fabry, experte de l'institut Jacques Delors.

Publicité

Les échanges entre l'UE et la Nouvelle-Zélande se sont montés à 7,8 milliards d'euros pour les biens et marchandises en 2021, et à 3,7 milliards d'euros pour les services en 2020, selon les derniers chiffres de la Commission européenne.

Fédérations agricoles inquiètes

L'accord en cours de préparation, qui comprend un important volet agricole, fait déjà bondir les fédérations professionnelles, notamment en France. Pour François-Xavier Huard et Jean-Philippe André, respectivement PDG de la FNIL (Fédération nationale des industries laitières) et président de l'ANIA (Association nationale des industries alimentaires), « cet accord menace l'avenir des producteurs laitiers qui seront les premières victimes, alors même qu'ils subissent déjà l'inflation de leurs coûts et une baisse régulière de la production depuis plusieurs années ».

La FNB (Fédération nationale bovine) exige qu'«  a minima, cet accord contienne une condition ferme et non négociable à l'arrivée des viandes importées : celles-ci doivent avoir été produites dans le strict respect des normes d'élevage européennes en matière de traçabilité, de bien-être animal et d'utilisation de médicaments vétérinaires et des produits phytosanitaires. »

Néo-Zélandais offensifs

Les professionnels de l'agroalimentaire estiment par ailleurs que le développement d'importations qui vont parcourir près de 18.000 km pour atteindre l'UE n'est pas cohérent avec les autres priorités de l'Union en matière de lutte contre le changement climatique et de souveraineté alimentaire.

Selon nos informations, les négociateurs européens s'arc-boutaient ce mercredi sur la défense des intérêts agroalimentaires européens, alors que les Néo-Zélandais, après avoir obtenu des conditions d'exportation favorables des Britanniques, se montrent très offensifs. « Il y avait une course entre le Royaume-Uni et l'UE, puisque le premier accord conclu fixerait nécessairement des repères dont la Nouvelle-Zélande tenterait de tirer parti pour la négociation du second accord », indique Elvire Fabry.

Mais les Européens défendent l'accord avec la Nouvelle-Zélande, qu'ils présentent comme « de nouvelle génération » car il prend en compte le respect des normes environnementales et sociales (conditions de travail). La semaine dernière, le Commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, a présenté une nouvelle approche dans laquelle l'UE pourrait prendre des sanctions si elle s'aperçoit que ses partenaires commerciaux ne tiennent pas leurs engagements en la matière.

Ratifications

« L'idée derrière, c'est d'utiliser la politique commerciale de l'Union comme levier pour faire avancer nos partenaires dans la même direction que nous sur les sujets de soutenabilité », résume Marie-Pierre Vedrenne, eurodéputée centriste et vice-présidente de la commission du Commerce international au Parlement européen.

Les questions commerciales sont toutefois facilement inflammables, et les accords européens sont régulièrement bloqués au niveau des Parlements nationaux. Dans le nouveau paysage de l'Assemblée nationale en France , on peut imaginer quel genre de débats un nouvel accord commercial pourrait susciter.

Publicité

Karl De Meyer (Bureau de Bruxelles)

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité