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L'UE veut peser face aux Etats-Unis et à la Russie dans le dossier ukrainien

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, se rend en Ukraine pour soutenir Kiev face à l'agressivité de Moscou. Pour l'Union européenne, il s'agit d'un véritable test de crédibilité de son action extérieure.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, au dernier Sommet européen de décembre 2021, où il fut beaucoup question de la Russie.
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, au dernier Sommet européen de décembre 2021, où il fut beaucoup question de la Russie. (Kenzo Tribouillard/Pool via REUTERS)

Par Karl De Meyer

Publié le 4 janv. 2022 à 17:20Mis à jour le 4 janv. 2022 à 18:32

Pour son premier déplacement de 2022, Josep Borrell tient visiblement à faire passer un message aux Etats-Unis et à la Russie. En se rendant du 4 au 6 janvier en Ukraine, jusque sur la ligne de front où s'opposent les forces de Kiev aux séparatistes prorusses, le chef de la diplomatie européenne espère signaler à Moscou et à Washington qu'ils ne peuvent s'entretenir de l'avenir de cette région sans les Européens - des pourparlers entre responsables américains et russes sur l'Ukraine doivent avoir lieu les 9 et 10 janvier à Genève.

« Toute discussion sur la sécurité européenne doit se faire en coordination avec l'UE et avec sa participation», a déclaré le Haut Représentant de l'UE. «Nous ne voulons pas et ne devons pas être un spectateur non impliqué, avec des décisions prises au-dessus de nos têtes», a-t-il ajouté, un an après l' humiliation diplomatique que lui avait infligée le ministre russe des Affaires étrangères. Lors d'une conférence de presse, Sergueï Lavrov avait fustigé l'arrogance des Européens, après avoir expulsé trois diplomates de l'Union sans en avertir son homologue.

Souveraineté

Accompagné du ministre ukrainien des Affaires étrangères, Josep Borrell compte visiter, lors de sa visite, la zone critique qui jouxte les territoires tenus par les séparatistes prorusses. Il ira ensuite à Kiev pour rencontrer d'autres responsables ukrainiens et, selon ses équipes, « souligner le soutien ferme de l'UE à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine à un moment où le pays est confronté au renforcement militaire et aux actions hybrides de la Russie ».

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Sanctions

Depuis plusieurs semaines, les Occidentaux s'inquiètent sérieusement du déploiement de plus de 100.000 soldats russes à la frontière orientale de l'Ukraine et redoutent une nouvelle agression . En décembre dernier, les Vingt-Sept ont menacé Moscou de lourdes sanctions économiques si jamais il passait à l'acte. « Mais le Russes s'y sont préparés, ils ne craignent pas vraiment les armes économiques », estime Gustav Gressel, chercheur de l'ECFR. Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a prévu d'organiser le 12 janvier une réunion spéciale des pays alliés avec des responsables russes dans le but d'éviter un conflit ouvert.

Test de crédibilité

L'enjeu est très élevé. Selon Cyrille Bret, de l'Institut Jacques-Delors, « l'Ukraine à bien des égards est le laboratoire de l'action extérieure de l'UE, un vrai test de sa crédibilité ». Le chercheur reconnaît des mérites à l'Union, qui « affiche depuis l'annexion de la Crimée en 2014 une position forte et constante à l'égard de la région, confirmée régulièrement par le renforcement ou l'extension des sanctions infligées à certains citoyens russes ou ukrainiens ». D'après lui, « qu'Emmanuel Macron, Angela Merkel et Ursula von der Leyen aient réussi à maintenir les Vingt-Sept soudés autour de l'instrument des sanctions est déjà une énorme réussite. A cela s'ajoute un soutien budgétaire de l'UE, certes conditionné, à Kiev ». Reste que, bien évidemment, « cela ne forme pas une stratégie complète, puisqu'il manque un volet militaire que les Etats-Unis, eux, pourraient actionner ».

Karl De Meyer (Bureau de Bruxelles)

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