Mercosur, Ceta... l’UE multiplie les partenaires : épisode • 1/4 du podcast Libre-échange : la nouvelle donne

Le pacte commercial conclu en 2019 avec le Mercosur a été critiqué par les écologistes européens et les organisations de défense des consommateurs. ©AFP - JOHN MACDOUGALL
Le pacte commercial conclu en 2019 avec le Mercosur a été critiqué par les écologistes européens et les organisations de défense des consommateurs. ©AFP - JOHN MACDOUGALL
Le pacte commercial conclu en 2019 avec le Mercosur a été critiqué par les écologistes européens et les organisations de défense des consommateurs. ©AFP - JOHN MACDOUGALL
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Alors que le Sénat votait jeudi contre la ratification du CETA, comment l’UE compose-t-elle entre mobilisations sociales, partenariats commerciaux et objectifs climatiques pour mener sa politique commerciale, incarnée par le libre-échange ?

Avec
  • Maxime Combes Économiste à l’AITEC
  • Elvire Fabry Chercheuse senior sur la géopolitique du commerce à l’Institut Jacques Delors
  • Alessandra Kirsch Directrice des études chez Agriculture Stratégies

Le 26 janvier dernier, fraîchement nommé Premier ministre, Gabriel Attal se rendait à Montastruc-de-Salies, en Haute-Garonne. Loin des salles de réunions, loin des sommets internationaux, loin des conciliabules avec ses homologues, le chef du gouvernement a troqué son habituel pupitre pour une botte de foin. Accoudé sur ce ballot, Gabriel Attal fait non seulement de la politique en annonçant des mesures de soutien aux agriculteurs mobilisés depuis plusieurs semaines, mais aussi de la géopolitique, puisqu’il martèle l’opposition française à l’adoption du traité de libre-échange entre l’Europe et le Mercosur. Serpent de mer ressurgissant de loin en loin depuis plus de 20 ans, ce traité censé lever les barrières douanières entre deux marchés réunissant 780 millions de consommateurs a débouché sur un consensus politique en 2019 sans être ratifié depuis.

France Culture va plus loin (l'Invité(e) des Matins)
35 min

L’accord est en effet bloqué par la France donc, mais aussi la Pologne, la Belgique ou les Pays-Bas, quatre États craignant de voir leur secteur agricole déjà malmené s’effondrer face à la concurrence débridée des géants argentins et brésiliens de l’élevage et du soja. Une situation qui souligne le paradoxe avec lequel l’Europe doit composer : fondée sur le principe du libre-échange, dotée d’une politique commerciale commune, l’Union en a fait aujourd’hui l’un des bras armés de sa puissance internationale, un levier pour sécuriser son approvisionnement en matières premières ou garantir son indépendance vis-à-vis de la Chine et des États-Unis. Or ce levier est aujourd’hui impossible à activer, bloqué par les considérations de politique intérieure poussant certains États membres à protéger leurs agriculteurs.

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Comment l’Europe s’appuie-t-elle sur le libre-échange pour assurer sa prospérité, mais aussi sa place stratégique dans l’ordre mondial ? Comment compose-t-elle entre mobilisations sociales des agriculteurs d’une part et projets de partenariats commerciaux internationaux ? Et enfin, dans quelle mesure les oppositions nationales telles que celle exprimée par le Sénat français qui a voté contre la ratification du CETA jeudi 21 mars peut-elle remettre en cause la stratégie européenne ?

8 min

Focus - Traité avec la Nouvelle-Zélande : le lait sous le feu des critiques

Avec Alessandra Kirsch, docteure en économie agricole, directrice du centre de réflexion Agriculture Stratégies.

Si les traités de libre-échange négociés ou validés par l’Union européenne sont pointés du doigt pour leurs conséquences sociales et environnementales, Bruxelles affirme avoir pris la critique en considération et se réjouit de passer désormais des accords qu’elle qualifie d’“accords de nouvelle génération”. Voté au Parlement européen le 22 novembre dernier, le traité de libre-échange passé avec la Nouvelle-Zélande a été érigé en symbole de cette évolution puisqu’il intègre les objectifs climatiques des accords de Paris. Côté européen, quelles vont être les conséquences de cet accord, tout particulièrement pour la filière laitière, sachant que la Nouvelle-Zélande compte parmi les dix plus gros producteurs mondiaux ?

Références sonores

" " It's time to conclude it" - Von der Leyen commits to completing EU-Mercosur deal by end of year " -  Euronews (2023)

" Europe : quel avenir pour l'accord de libre-échange avec le Mercosur ?" - Les Echos (2024)

" Crise agricole : "La France s'oppose à la signature du traité du Mercosur " assure Gabriel Attal" -  France 24 (2024)

" Lula berates the EU for making "threats" in talks to unblock the Mercosur trade deal "  Euronews (2023)

Références musicales

OMC - Land of plenty (1996)

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