Migrants : la France espère une sortie de crise à Bruxelles
Les ministres de l'Intérieur des Vingt-Sept se réunissent ce vendredi dans l'émotion suscitée par l'accostage de l'« Ocean Viking » à Toulon. Paris espère sortir de la crise ouverte avec l'Italie en avançant sur des solutions européennes pour gérer la question migratoire.
Par Vincent Collen
Trouver « en Européens » une issue à la crise ouverte avec l'Italie . C'est l'espoir de la France ce vendredi, lors d'une réunion extraordinaire des ministres de l'Intérieur, convoquée en urgence après le débarquement à Toulon le 11 novembre de l'« Ocean Viking », qui transportait quelque 230 migrants.
« Le but de cette réunion, ce n'est pas un match retour contre l'Italie, c'est travailler en concertation au niveau européen pour éviter que ce type d'événement ne se reproduise », assure-t-on au cabinet de Gérald Darmanin. « On est partis d'un incident politique, on espère le dépasser avec une réponse européenne, complète un diplomate européen. Tous les Etats membres savent que l'Italie s'est mal comportée dans cette affaire. »
Trois axes de travail seront au menu des ministres des Vingt-Sept à Bruxelles. D'abord, mieux prévenir les départs irréguliers des pays du sud de la Méditerranée (Libye, Tunisie, etc.). Paris plaide pour une augmentation des financements européens pour ces Etats, et aussi pour « renvoyer davantage » les migrants vers les pays de départ. « Il faut envoyer un message clair à ces pays », insiste-t-on au ministère : une absence de coopération de leur part pourra avoir « un impact » sur d'autres partenariats que l'Union européenne a noués avec eux.
Encadrer l'action des ONG
La France, suivant en cela l'Italie, demande ensuite « un meilleur encadrement de l'action des ONG ». Elle souhaite mandater la Commission européenne pour demander une adaptation du droit de la mer à l'Organisation internationale des migrations. Paris souligne que l'ONG SOS Méditerranée s'était adressée à plusieurs pays avant d'obtenir le droit de faire accoster l'« Ocean Viking ».
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« Les règles doivent être plus claires et les relations entre les ONG et les Etats améliorées pour que ce type de situation puisse être anticipé », estime le cabinet du ministre. Gérald Darmanin va demander, enfin, « une mise en oeuvre complète » du pacte asile et migration, un texte que les Vingt-Sept veulent faire adopter avant la fin de la législature européenne, en 2024, mais qui peine à avancer.
Relocalisations
La France menace de continuer à suspendre les engagements pris vis-à-vis de Rome pour accueillir une partie des migrants arrivés en Italie, prévient-on au ministère. Il s'agit là du mécanisme de solidarité entré en vigueur en juin, qui doit concerner 8.000 demandeurs d'asile arrivés dans les pays méditerranéens sur un an, mais qui est encore peu appliqué. « Jusqu'à présent, seule une centaine de relocalisations ont effectivement eu lieu », a déploré lundi Ylva Johansson, la commissaire chargée des Affaires intérieures.
Pour Jérôme Vignon, de l'Institut Jacques-Delors, « l'Europe était entrée dans une dynamique positive avec ce mécanisme de solidarité. Malheureusement, l'Italie a choisi de l'interrompre alors que ce mécanisme lui est favorable sur le fond, pour des raisons de compétition politique entre les partis au sein de la coalition » menée par la nouvelle Première ministre, Giorgia Meloni . « Les Européens ont tout intérêt à résoudre cette crise, c'est la condition nécessaire pour pouvoir négocier le pacte asile et migration », conclut l'expert.
Vincent Collen