Les drapeaux de l'Union européenne devant le bâtiment de la Commission européenne à Bruxelles, le 30 septembre 2019

Après l'interdiction de l'achat d'or russe, lors de la septième salve de mesures, en juillet dernier, il semblerait que les Vingt-Sept se penchent désormais timidement sur la question de l'arrêt des importations de diamants.

afp.com/Kenzo TRIBOUILLARD

Pour la 11ᵉ fois depuis le début de la guerre, l'Union européenne entend s'accorder sur un nouveau train de sanctions à l'encontre de la Russie. Le haut représentant de l'UE pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, l'a affirmé, mercredi 17 mai, après "l'escalade" annoncée par Moscou : "Nous allons continuer à augmenter notre aide militaire et étudier de nouvelles mesures restrictives [contre la Russie]." "Tout cela appelle de nouvelles sanctions de notre côté", a par ailleurs lancé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, au micro de CNN.

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Les Vingt-Sept n'ont pas encore précisé publiquement les domaines qui seraient visés ou sanctionnés plus durement. Toutefois, pour monter en grade, plusieurs choix s'offrent encore à l'UE. "Il serait judicieux pour Bruxelles d'élargir encore la liste des personnalités soumises à des sanctions, comme le gel des avoirs et la limitation de la capacité de voyager, avance auprès de L'Express Cyrille Bret, chercheur associé à l'institut Jacques-Delors. Cette fois-ci, ce sont les responsables politiques et administratifs de second plan qui seraient visés, et non plus seulement les membres de la sphère militaire ou les oligarques." Depuis le début du conflit, près de 1 500 personnes et plus de 200 entités se sont vus faire l'objet d'un gel de leurs avoirs et/ou d'une interdiction d'entrer sur le territoire européen.

La fin des exportations de diamants ?

Après l'interdiction de l'achat d'or russe, lors de la septième salve de mesures, en juillet dernier, il semblerait que les Européens se penchent désormais timidement sur la question de l'arrêt des importations de diamants. La Russie en est le plus grand producteur mondial (30 %), avec des exportations ayant rapporté plus de 4,5 milliards de dollars l'an dernier. Mais, jusqu'ici, grâce à un lobbying acharné de la Belgique, importateur privilégié, les pierres précieuses étaient absentes de la liste des embargos. Une position de plus en plus difficile à défendre pour la Belgique.

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"Si l'UE veut frapper fort, elle doit s'attaquer à des secteurs économiques davantage en lien avec le civil et moins avec le stratégique, souligne Cyrille Bret. Cela veut notamment dire s'attaquer à l'industrie du luxe et à des secteurs qui n'ont rien à voir avec la conduite des opérations militaires, mais qui pénalisent le pays tout entier." Peu après l'invasion de l'Ukraine, les Etats-Unis avaient interdit l'importation de diamants "non industriels" de Russie.

Pas de nouvelles sanctions énergétiques

D'après la commissaire européenne chargée de l'Energie, Kadri Simson, interrogée sur la chaîne Euronews, de nouvelles sanctions contre les ressources énergétiques russes sont peu probables. Toutefois, un éventuel plafonnement du prix du gaz reste sur la table, même si l'idée ne fait pas l'unanimité parmi les Vingt-Sept. "L'énergie est déjà concernée par plusieurs sanctions, je pense personnellement qu'il est nécessaire de mettre en place un plafond sur le prix du gaz russe, parce que nous n'avons pas encore de sanction sur le gaz. Il n'est pas juste que la Russie, qui manipule les approvisionnements, couvre partiellement la réduction des volumes par des prix plus élevés", a-t-elle précisé.

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Cette nouvelle vague de sanctions pourrait par ailleurs cibler d'autres secteurs spécifiques, comme l'aviation. D'après l'UE, 64 % des appareils de la flotte civile russe sont produits à l'étranger. Viser ce secteur l'empêcherait donc de faire réparer de nombreux appareils. En outre, les discussions des Vingt-Sept pour de nouvelles sanctions s'orientent aussi vers l'industrie de l'intelligence artificielle et de la cybersécurité.

Ce nouvel ensemble de sanctions potentielles n'a toutefois pas encore été officiellement déposé après les réunions entre les fonctionnaires de la Commission et les représentants des Etats membres qui ont débuté vendredi 19 mai. Le consensus devient de plus en plus difficile, d'autant que la Hongrie appelé régulièrement renoncer à prendre de nouvelles mesures, estimant que l'Europe souffre davantage des sanctions imposées à Moscou que la Russie elle-même.

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