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Le débat s’intensifie sur l’avenir de l’euro, accusé de n’avoir pas tenu ses promesses

En écho au livre choc de Joseph Stiglitz qui propose de sacrifier l’euro pour sauver l’Europe, l’Institut Jacques Delors propose une réforme pragmatique de la monnaie unique

Par Catherine Chatignoux

Publié le 19 sept. 2016 à 19:45

L’euro fonctionne mal ? Supprimons-le. La thèse est attrayante et séduisait jusqu’ici les europhobes patentés et quelques économistes évoluant dans les extrêmes. Mais voilà que Joseph Stiglitz, proeuropéen, keynésien et proche de la gauche, assène un nouveau coup à la monnaie européenne. Opposé pendant la crise de la zone euro aux politiques d’austérité imposées au pays du Sud, il franchit un pas supplémentaire dans son dernier ouvrage intitulé sans ambiguïté : « Comment la monnaie unique menace l’avenir de l’Europe. » Si l’économie européenne se porte si mal en Europe, c’est la faute de l’euro qui a échoué à produire de la richesse et de la convergence. En cause, l’architecture de la monnaie unique et ses règles de fonctionnement que les dirigeants européens se montrent incapables d’améliorer faute d’accord politique.

« Populistes et académiques »

D’où l’intérêt de l’étude de l’Institut Jacques-Delors, publiée mardi, qui s’emploie à montrer que la zone euro doit et, surtout, peut être réformée. « Je note que deux catégories de personnes se prononcent pour la déconstruction de l’existant, les populistes et les académiques », observe Henrik Enderlein, coordinateur du rapport publié mardi en collaboration avec la Fondation Bertelsmann Stiftung. « Nous, nous souhaitons que l’Union économique et monétaire fonctionne mieux. » Mais comment faire alors que les politiques sont paralysés par l’euroscepticisme croissant de leurs opinions publiques, elles-mêmes déçues par le bilan de quinze années de monnaie unique ? Car le constat est là : la zone euro n’a pas produit suffisamment de convergence entre les Etats membres. La croissance moyenne au cours des cinq dernières années n’a atteint que 0,6 % en Europe contre 2 % aux Etats-Unis. L’originalité de l’étude de l’Institut Jacques-Delors est de procéder par étapes : « Le plan présenté n’exige pas de super-Etat européen ou une Union de transferts », terme tabou en Allemagne. « Il propose une solution pragmatique minimale conçue pour protéger l’euro. Car si l’euro échouait, c’est tout le projet d’intégration européenne qui serait en danger », assurent les auteurs du rapport, contrairement à Joseph Stiglitz.

Le plus urgent est de constituer une « trousse de secours » car l’euro n’est pas en mesure aujourd’hui de supporter une nouvelle crise. Elle contient un renforcement du Mécanisme européen de stabilité (MES), l’achèvement de l’Union bancaire et une meilleure coordination économique. Un deuxième pilier prévoit un programme de réformes structurelles qui alliées à une stratégie globale d’investissement doit faire repartir la convergence et la croissance. Ce n’est qu’à un horizon plus lointain, qu’interviendrait la « véritable union économique et monétaire, fondée sur un important partage des risques et un partage de souveraineté ». L’Europe des petits pas est de retour.

Catherine Chatignoux

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