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Mais où sont les Européens ?

L’Institut Jacques Delors déplore l’insuffisance du sentiment d’appartenance, qu’il considère comme le mal à la racine du malaise de l’Union européenne.

Publié le 04 janvier 2017 à 11h34, modifié le 04 janvier 2017 à 15h50 Temps de Lecture 4 min.

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Le drapeau européen détourné par des opposants au TTIP, le traité de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis.

Que les choses seraient simples si nous étions tous expatriés ! Il suffit à n’importe quel Français, Allemand ou Portugais de se rendre en Chine ou aux Etats-Unis pour réaliser combien il est européen. Manque de chance, les Européens habitent pour la plupart… en Europe. Et, tels les pâtres de Virgile qui ne connaissent pas leur bonheur, ils ne connaissent pas leur identité d’Européen. On peut gloser sans cesse sur les déficiences de l’euro et de Schengen, le prétendu déficit démocratique communautaire, le nœud réside ici : l’insuffisance du sentiment d’appartenance.

C’est le constat dressé par l’Institut Jacques Delors. Comme le déplore son président d’honneur, Pascal Lamy, le rêve des pères fondateurs ne s’est pas accompli. « Ils avaient placé trop d’espoir dans l’alchimie qui devait transformer le plomb de l’intégration économique, celle des intérêts bien compris, en or de l’union politique, celle d’un demos européen », constate le disciple de Jacques Delors.

Lamy reprend ainsi la formule apocryphe attribuée faussement à Jean Monnet : « Si c’était à refaire, je commencerais par la culture. » Le père de l’Europe, qui lança l’aventure européenne en proposant en 1950 la mise en commun de l’acier et du charbon, était bien trop pragmatique pour tenir des propos aussi hors du temps. Il n’empêche, selon Lamy, il manque un ingrédient essentiel dans la construction politique de l’Europe : la dimension imaginaire, symbolique, culturelle, qui cimente les appartenances. Rien ne sert d’organiser des élections européennes et de choisir dans la foulée un président de la Commission européenne comme on nomme un gouvernement si nul ne s’y reconnaît.

Des choix inopérants

Europe cherche Européens désespérément, c’est le mandat qu’a confié l’Institut Jacques Delors au professeur de sciences humaines Gérard Bouchard (« L’Europe à la recherche des Européens : la voie de l’identité et du mythe », décembre 2016). Du fin fond du Québec, à l’université de Chicoutimi, Gérard Bouchard rappelle combien les sociétés ont besoin de mythes et de représentations collectives porteuses de valeurs sacralisées et de croyances.

Après 1945, l’Europe fut forgée sur le rejet de la guerre, la marche vers la modernité, la méfiance envers les nations et la résistance à une triple menace : l’expansionnisme de l’URSS, la peur de l’Allemagne, l’impérialisme américain.

Las, ces choix effectués par les élites de l’après-guerre sont désormais inopérants, voire contre-productifs. « Le fait de construire sur les atrocités de la guerre et d’autres crimes perpétrés par des pays européens (colonialisme, esclavage, totalitarisme, fascisme, génocides…) a nourri un sentiment de culpabilité et de honte qui est désormais quelque peu paralysant, analyse Gérard Bouchard. Il étouffe les sentiments de fierté, de confiance et d’enthousiasme dont l’avenir de l’UE a aujourd’hui désespérément besoin. »

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