LETTRE DE BRUXELLES
En cinq ans, le Brexit, la crise sanitaire et le retour de la guerre aux frontières de l’Europe ont secoué l’Union européenne (UE) et l’ont transformée comme jamais. Alors que l’actuel cycle législatif européen arrive à son terme et que les élections européennes, fixées entre les 6 et 9 juin, se rapprochent à très grand pas, comment préparer l’Europe aux prochains défis ?
A Bruxelles et dans toute l’Europe, on commence tout juste à cogiter pour nourrir le débat entre les chefs d’Etat et de gouvernement, qui devront définir, en juin, le programme et les priorités stratégiques de la prochaine Commission, qu’elle soit ou non présidée par Ursula von der Leyen. Plus largement, les Vingt-Sept doivent donner une orientation politique et stratégique pour les vingt ans à venir aux 450 millions d’Européens.
Jeudi 21 mars, le conclave, une assemblée réunie par l’association pro-européenne Europa Nova, a remis un rapport pour préparer l’Europe de demain, listant des propositions pour nourrir ce débat à venir. « A l’heure des crises multiples et continues, les dirigeants se concentrent sur les urgences. Cela se fait souvent au détriment de la planification à moyen et long terme », rappelle Guillaume Klossa, d’Europa Nova, qui a travaillé à la rédaction du rapport, avec notamment les anciens ambassadeurs français Philippe Etienne et italien Pietro Benassi, la politologue allemande Daniela Schwarzer et les anciens commissaires belge Etienne Davignon et portugais Antonio Vitorino.
Ce texte, qui propose « dix-sept questions fondamentales auxquelles les Européens doivent répondre afin de rester pertinents », est le fruit d’un échange de trois jours, fin 2023, entre une cinquantaine de chefs d’Etat, de politologues, de sherpas, de représentants d’entreprise, de syndicalistes, de scientifiques, d’artistes et de responsables d’ONG, rassemblés au palais présidentiel portugais de Cascais.
« Une certaine faiblesse de la prospective »
D’ailleurs, rappelle M. Klossa, un agitateur d’idées européennes depuis plus de vingt ans, le processus de préparation du calendrier stratégique européen commence à peine. Ce ne sont pas les cercles de réflexion européens qui manquent à Bruxelles et sur le Vieux Continent, de l’Institut Jacques Delors au Centre européen pour les relations internationales (ECFR), en passant par le Centre européen d’études politiques (CEPS), le Centre politique européen (ECP) ou des laboratoires d’idées plus sectoriels comme l’institut Bruegel… « Mais des cénacles, des forums produisant des idées originales, il n’y en a pas beaucoup », constate un diplomate européen.
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