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Présidentielle : pourquoi une sortie de la France de l’UE ne fait plus débat comme en 2017

CARNET DE BORD DE LA PFUE – À quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, Corentin Gorin, directeur général d’EuropaNova, et Daniel Desesquelle, journaliste et président de l’Agence Triple E, reviennent, sur les enseignements de cette dernière ligne droite et font le parallèle avec 2017.

Corentin Gorin et Daniel Desesquelle , Mis à jour le
Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen, ici pendant l'entre deux-tours de la présidentielle de 2017, ne parlent plus de Frexit.
Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen, ici pendant l'entre deux-tours de la présidentielle de 2017, ne parlent plus de Frexit. © AFP

Comme nous le rappelons sur ce carnet de bord et dans l’ensemble de nos projets par ailleurs, l’Europe est au cœur de la vie des citoyens, qu’ils en soient conscients ou non. À l’heure où cette Europe et plus globalement les grands enjeux internationaux n’ont jamais autant été au cœur de l’actualité. Dans une campagne terne et sans relief, l’Europe devrait pourtant être un des sujets structurants à l’heure où les conséquences sur la vie quotidienne des citoyens (prix de l’énergie, pouvoir d’achat) sont intimement liées aux grands bouleversements actuellement à l’œuvre, aggravés récemment par l’invasion de Ukraine par la Russie.

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Il est alors frappant d’observer le désintérêt – plus que la méconnaissance – de ces dossiers par des candidats aspirants à la fonction suprême, et que cela ne concerne pas uniquement les prétendants les moins bien placés dans les sondages.

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Lancée en 2017 par EuropaNova, l’Agence EEE revient cette année en partenariat avec cinq autres organisations, Mouvement européen France, Institut Jacques Delors, Maison de l’Europe, Europartenaires, Confrontations Europe, et un jury de 12 experts des questions européennes, pour évaluer les programmes européens des principaux candidats à l’élection présidentielle.

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Les candidats les plus eurosceptiques en 2017 ont mis de côté l'idée d'une sortie de l'UE

Certains, comme Marine Le Pen qui défendaient une sortie de l'Union européenne en 2017, sont revenus sur leurs positions, mais présentent toujours un programme foncièrement anti-européen. Le cas de la candidate du Rassemblement national est intéressant : elle qui était pour le Frexit et la fin de l’euro a aujourd’hui édulcoré son message. Mais ses propositions sont complètement à rebours des objectifs communs européens en matière d'environnement par exemple, ou contribueraient à isoler la France de ses partenaires sur le plan économique.

Lire aussi - Présidentielle : immigration, euro, ISF... Les changements de programme de Marine Le Pen entre 2012 et 2022

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Elle, qui pourtant a siégé au Parlement européen, et même en commission des affaires sociales, fait preuve par ailleurs d’une profonde méconnaissance des traités sur les questions sociales, sans parler de l’éloignement proposé sur le plan des valeurs. Tandis que sur le volet des relations internationales, cela reste aussi très flou, avec un retour à « l'Europe des Nations » et à des relations dites « équilibrées » avec la Russie ou la Chine, tout en restant vague sur ce que cela signifie réellement.

Le principal enseignement de cette édition 2022, est que, sur la forme du moins, les candidats les plus eurosceptiques en 2017 évalués par l’Agence EEE, ont mis de côté l'idée d'une sortie de la France de l'UE. Mais bon nombre de leurs propositions vont dans le sens d'un isolement et d'un affaiblissement de la France au sein de l’Europe. 

Comment expliquer cette évolution ? La question mérite sans doute un format plus long, mais en quelques mots, il faut se retourner et observer la série de crises qui se sont succédées depuis environ cinq ans. Brexit, pandémie, fragilisation de la relation transatlantique, place de plus en plus grande assumée par la Chine, et dernièrement invasion de l’Ukraine par la Russie, autant de bonnes occasions – saisies plus ou moins bien – pour l’Europe de montrer sa pertinence, et capacité d’action et d’influence. C’est ainsi que les commandes groupées de vaccins, le plan de relance européen et plus près de nous le coup d’accélérateur donné au projet d’une défense européenne, ont montré que l’Europe est outillée pour affronter des crises d’ampleur.

Un éventuel « effet Ukraine »

Certains sondages le montrent, le sentiment pro-européen en France reste à un niveau inférieur à celui d’autres pays, mais les Français restent tout de même attachés à une France dans l’Union européenne, et plus encore au moment où l’Union a su se mobiliser comme nous venons de le rappeler. Si cela n’explique pas entièrement les différents changements apportés par certains candidats dans leurs programmes européens par rapport à 2017, cette prise en compte de l’opinion et du risque que représente dans les urnes un programme anti-européen jusqu’au-boutiste est assez aisément observable.

Il sera sans doute intéressant de jeter un œil aux prochains eurobaromètres et d’observer un éventuel « effet Ukraine ». Cela ne servira peut-être pas à parler « plus » et « mieux » d’Europe tout de suite, mais à commencer à en parler, et c’est un premier pas.

Lire aussi - TRIBUNE. « L’Union européenne doit accomplir un saut de citoyenneté pour passer à une Union politique »

En attendant, il faut noter que seuls deux candidatures prennent au sérieux les enjeux européens et ont mérité notre EE+ : celles du candidat écologiste Yannick Jadot et du candidat à sa réélection, le président en exercice Emmanuel Macron. C’est finalement assez décevant au regard des enjeux et montre que le malentendu entre les Français et l’Europe n’est pas encore levé. Il nous reste beaucoup de travail. C’est presque une tâche pour Sisyphe, mais comme le veut la formule, il faut l’imaginer heureux.

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