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Sevrée du gaz russe, l’Europe dans le piège de l’énergie chère

« Les défis économiques d’une Europe fragilisée » (3/5). Si le Vieux Continent est parvenu à réduire sa dépendance au gaz russe, il paye encore son énergie très cher face aux Etats-Unis ou à la Chine. Au risque de perdre la bataille de la réindustrialisation et des technologies propres.

Par  (Bruxelles, bureau européen) et

Publié le 02 mai 2024 à 04h30, modifié le 02 mai 2024 à 15h16

Temps de Lecture 7 min.

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Le méthanier « Höegh Esperanza », au terminal GNL de Wilhelmshaven (Allemagne), le 2 septembre 2023.

Les Européens ne peuvent pas dire qu’ils n’étaient pas conscients du problème. En 2006, 2009 et 2014, Moscou avait déjà interrompu ponctuellement ses livraisons de gaz, sur fond de différends avec le gouvernement ukrainien. Une « brutale prise de conscience », affirmait la Commission en 2014. Elle préparait alors une stratégie pour la sécurité énergétique, qui n’a manifestement servi à rien.

Les Vingt-Sept ont continué à importer ce gaz russe, si abondant et si bon marché, qui a longtemps dopé la compétitivité de l’industrie allemande. Il aura fallu que la Russie envahisse l’Ukraine, le 24 février 2022, et leur coupe par la suite le robinet des gazoducs Nord Stream et Yamal pour que les choses changent. Emmanuel Hache, économiste à l’Institut de relations internationales et stratégiques, dénonce la « faillite » de l’Europe de l’énergie.

Ce manque d’anticipation, les Européens l’ont payé très cher. Politiquement, d’abord : s’ils ont, pour le charbon et le pétrole, décidé d’eux-mêmes d’un embargo sur les livraisons russes, pour le gaz, ils se sont privés d’un instrument de sanction contre Moscou. Economiquement, surtout. Les factures d’énergie des ménages et des entreprises se sont brutalement envolées à des niveaux stratosphériques. Les Etats ont, en urgence, ouvert le portefeuille pour les aider à passer ce moment difficile, ce qui a affecté leurs finances publiques.

De Paris à Berlin, en passant par La Haye ou Rome, les gouvernements ont surtout eu très peur de devoir, à l’hiver 2022-2023, rationner leur économie. D’autant qu’une bonne partie du parc nucléaire français était à l’arrêt, immobilisé par des problèmes de corrosion sur certains réacteurs. Berlin et Varsovie ont, dans l’urgence, décidé de remettre en service des mines de charbon, mais cela ne pouvait suffire.

Les citoyens allaient-ils pouvoir se chauffer ? Les usines pourraient-elles tourner sans encombre ? A l’été 2022, l’Allemagne, qui redoutait plus que tout des ruptures d’approvisionnement, ramassait tout ce qu’elle pouvait trouver sur les marchés, faisant s’envoler encore un peu plus les cours pour ses partenaires européens.

A Bruxelles, les conseils des ministres de l’énergie se sont succédé pour essayer d’éviter le pire. Finalement, après des nuits de négociations, les Vingt-Sept se sont entendus sur un plan de riposte, qui, deux ans plus tard, a porté ses fruits. Réduction de la consommation de gaz, diversification massive des approvisionnements, achats de gaz en commun, remplissage des réserves de stockage, levée des contraintes réglementaires pour faciliter la montée en puissance des énergies renouvelables : aucun angle d’attaque n’a été ignoré. Quelle est la situation, aujourd’hui ? Cinq grands constats s’imposent.

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