Il n’est toujours pas officiellement candidat, mais cela ne l’empêche pas de s’emparer du thème de campagne privilégié par la droite, l’immigration, pour exister face à ses concurrents. Mercredi 2 février, dans le cadre d’un déplacement dans le Pas-de-Calais et le Nord, Emmanuel Macron devait se rendre en fin de journée à Tourcoing afin de s’adresser aux ministres européens de l’intérieur, réunis à l’occasion d’un conseil informel (sans décision) dans le fief de Gérald Darmanin.
A l’Elysée, on insiste sur le caractère « exceptionnel » de cette présence en prélude à une réunion ministérielle. Le chef de l’Etat souhaite « marquer l’importance des discussions en cours en vue de réformer l’espace Schengen ». Et, ce faisant, ne pas laisser à la droite le monopole du discours sur ce sujet. C’est d’ailleurs sur les questions d’immigration que M. Macron avait ouvert sa conférence de presse sur le programme de la présidence française de l’Union européenne (UE), le 9 décembre 2021. « Une Europe souveraine, c’est d’abord – c’est pour moi le premier aspect – une Europe capable de maîtriser ses frontières », déclarait-il.
A ce titre, la réforme de Schengen, cet espace de libre circulation dans lequel vivent 420 millions de personnes à travers 26 pays, devrait s’articuler autour de deux textes législatifs, proposés en décembre par la Commission et que la France espère faire adopter avant la fin de sa présidence, le 30 juin. Le premier est relatif aux « inspections Schengen » menées dans les Etats membres en cas de manquements importants et que Paris veut renforcer. Le second a trait à la réforme du code frontières Schengen, en particulier « pour que le dispositif autorisant le rétablissement des contrôles aux frontières intérieures soit pérennisé et renforcé » en cas de crise. Le président de la République maintient aussi son souhait d’un « pilotage politique » (par les ministres) de l’espace sans passeport, avec notamment la création d’un conseil, un outil intergouvernemental décisionnel qui serait mobilisable « en cas de défaillance grave à la frontière extérieure de l’UE », selon l’entourage du chef de l’Etat.
Une gouvernance « en panne »
Ces chantiers s’accompagnent d’un soutien à la montée en puissance des effectifs de Frontex, l’agence de surveillance des frontières extérieures, et du renforcement des fichiers de collecte de données. Ils témoignent de la prévalence d’une approche sécuritaire alors même que, d’après Frontex, près de 200 000 migrants sont arrivés de manière irrégulière dans l’UE en 2021, contre 1,8 million de franchissements irréguliers des frontières en 2015 et plus de 510 000 en 2016.
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