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L’Europe envers et contre tout

Président de l’Institut Jacques Delors, Enrico Letta plaide pour une Europe plus sociale. Et plus forte face aux « brutes » qui l’entourent.

Par  (Pékin, correspondant)

Publié le 30 novembre 2017 à 07h00, modifié le 30 novembre 2017 à 10h30

Temps de Lecture 2 min.

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« Faire l’Europe dans un monde de brutes », d’Enrico Letta, Fayard, 195 pages 17 euros

Livre. Né à Pise en 1966 mais élevé à Strasbourg, Enrico Letta est, selon ses propres termes, « un Européen passionné ». Cet homme discret, président du conseil italien d’avril 2013 à février 2014 avant d’être trahi – et remplacé – par Matteo Renzi, préside d’ailleurs aujourd’hui l’Institut Jacques Delors.

Mais, comme beaucoup, il constate que « son » Europe qu’il croyait immortelle ne l’est pas. Parce que nous vivons dans « un monde de brutes », selon le titre de l’ouvrage, parce que surtout l’Europe actuelle, dont il est l’un des principaux artisans, n’a pas rempli ses promesses. « Le rêve européen s’est d’abord brisé du fait que, partagé au départ par tous, il n’a bénéficié, en réalité, qu’aux élites », reconnaît-il. « Tout a basculé avec l’arrivée de l’euro dans nos portefeuilles en 2002. La monnaie unique a soudain mis l’Europe sur le banc des accusés. Et cela n’a pas été anticipé », analyse-t-il.

« Le besoin d’Etat-providence n’ira pas en déclinant mais en augmentant »

Or, menacée de l’extérieur par les « brutes » qui l’entourent, risquant d’être marginalisée en raison de l’évolution démographique mondiale, l’Europe n’a aucune chance de survivre si les Européens eux-mêmes ne la défendent pas. Le désormais doyen de l’Ecole des affaires internationales de Sciences Po propose donc de repenser l’Europe, pour la rendre à la fois moins douce vis-à-vis de l’extérieur et plus protectrice à l’égard de ses citoyens, car, il en est convaincu, « le besoin d’Etat-providence n’ira pas en déclinant mais en augmentant ».

Des propositions à contre-courant

Enrico Letta multiplie les propositions dans de nombreux domaines. Il faut, selon lui, prévoir au cours de la période de formation un temps qui « vous oblige à entrer en contact avec une autre langue, une autre culture », recentrer les aides européennes aux territoires qui en ont vraiment besoin, réfléchir à créer un ministre du travail et une inspection du travail à l’échelle du continent et réformer la zone euro afin que la convergence entre ses membres soit également sociale. Reconnaissant que l’Europe est de plus en plus perçue comme un empire dominé par l’Allemagne, Enrico Letta juge que « le rôle essentiel de la France aujourd’hui est de faire accepter à l’Allemagne les réformes de la zone euro ».

Même si certaines propositions sont contestables – l’émission d’obligations européennes pour financer la politique migratoire ne risque-t-elle pas d’alimenter le discours anti-européen ? –, la plupart des Européens convaincus se retrouveront aisément dans cet ouvrage. Le problème est que, justement, ces propositions ne sont pas dans l’air du temps. Enrico Letta multiplie les « il faut », « on doit » et autres formules sans véritablement analyser les raisons pour lesquelles ses propositions ne sont pas aujourd’hui adoptées.

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