LES PLUS LUS
Publicité

TRIBUNE. "Pour un débat démocratique et citoyen sur l'énergie après l'élection présidentielle"

Neuf experts, responsables associatifs ou politiques mettent de côté leurs divergences pour lancer un appel commun : organiser un débat sur l'énergie après l'élection présidentielle. 

Rédaction JDD , Mis à jour le
Centrale de Dampierre-en-Burly. Photo d'illustration.
Centrale de Dampierre-en-Burly. Photo d'illustration. © Reuters

Neuf experts, responsables associatifs et politiques s'associent dans une tribune pour appeler à un "débat démocratique et citoyen sur l'énergie", dès mai 2022, soit après l'élection présidentielle. Voici leur tribune : "Alors que sur l'énergie la France s'apprête à faire des choix pour cent ans, le débat public est aux raccourcis et aux excès. Ici, un appel à en finir avec l'éolien, là, des accusations de retour à la bougie, ou encore la promesse de sortir du nucléaire demain matin. Et partout, une focalisation sur la production d'électricité, alors que le pétrole et le gaz représentent les deux tiers de notre consommation d'énergie.

Publicité

Pourtant, les scénarios publiés par RTE (qui gère le réseau de transport d'électricité) et l'institut négaWatt, et ceux à paraître de l'Ademe, montrent qu'il y a plusieurs voies énergétiques possibles en France, même en visant la neutralité carbone. Tous les chemins supposent des incertitudes et des risques, des coûts et des changements d'habitudes, des investissements et des créations d'emplois. On s'attendrait, dès lors, à ce qu'un débat démocratique s'engage avec les citoyens, en toute transparence, pour qu'enfin un choix de société s'opère. Une forme d'évidence, tant l'enjeu ne manque pas de sujets de discussion ni de complexité.

La suite après cette publicité

Lire aussi - SONDAGE. Les Français majoritairement favorables au développement des éoliennes

La suite après cette publicité

Sur la sobriété, par exemple. La feuille de route climatique de la France prévoit une baisse de plus de 40% de nos consommations d'énergie d'ici à 2050. Certains scénarios supposent des actions encore plus prononcées de maîtrise des consommations d'énergie. Parfois complexe à mettre en oeuvre, la sobriété donne d'importantes marges de manœuvre, réduit les coûts et les risques.

Sur le mix énergétique, évidemment. Certes, l'électricité jouera un rôle croissant pour répondre à une partie de nos besoins (notamment pour se déplacer et se chauffer). Mais elle ne réglera pas tous les problèmes. Et le choix du mix énergétique implique d'intégrer différents risques – environnementaux, climatiques, d'approvisionnement, industriels, sécuritaires, budgétaires, sociaux –, qu'une société doit connaître avant de se prononcer.

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité
"

Pour relever le défi climatique, une véritable gouvernance démocratique de la transition énergétique doit enfin émerger

"

En démocratie, il est normal de confronter des opinions, qui s'expriment déjà avec vigueur sur ces sujets, dans un cadre défini avec soin. En exclure les citoyens au motif que les enjeux seraient trop complexes ou trop urgents n'est pas acceptable. C'est pourquoi, par-delà nos divergences, nous unissons nos voix pour appeler à l'organisation d'un débat démocratique et citoyen sur l'énergie après l'élection présidentielle, dès mai 2022. C'est un passage obligé pour endosser des choix collectifs. Une opportunité nous est offerte par l'actuel débat sur le Pacte vert européen et la prochaine feuille de route énergétique française, qui devra être votée au Parlement au début du prochain quinquennat.

Lire aussi - Hausse des prix de l'énergie : pourquoi le sujet s'invite dans la campagne présidentielle

Au lieu de conclure hâtivement un débat qui n'a pas encore eu lieu, nous appelons les candidats à l'élection présidentielle à indiquer comment, s'ils sont élus, ils créeront les conditions d'un tel débat. Pour relever le défi climatique, une véritable gouvernance démocratique de la transition énergétique doit enfin émerger."

Les signataires 

Alain Grandjean, président de la Fondation Nicolas Hulot

­Émilie Cariou, députée de la Meuse

Robin Girard, enseignant-chercheur à Mines ParisTech

Nicolas Goldberg, expert énergie et senior manager chez Colombus Consulting

Philippe ­Quirion, directeur de recherche au CNRS

Thomas Pellerin-­Carlin, directeur du centre énergie de l'Institut Jacques Delors

Behrang ­Shirizadeh, consultant sur la transition énergétique

Jean-Pierre Goudard

Julien Robillard, coprésidents du Réseau pour la transition énergétique-Cler

Contenus sponsorisés

Sur le même sujet
Le Conseil constitutionnel.
Politique

Le Conseil constitutionnel ou la menace d'un « gouvernement des juges »

TRIBUNE. Le Conseil constitutionnel, initialement conçu pour limiter le pouvoir législatif et soutenir l’exécutif, s’est éloigné de sa mission originelle pour devenir un véritable arbitre des débats politiques et sociétaux, regrette le professeur émérite de droit public Anne-Marie Le Pourhiet.

Le candidat républicain à la présidentielle américaine, Donald Trump, le 31 janvier 2024.
International

Donald Trump 2024 : le monde serait-il vraiment plus en danger ?

TRIBUNE. Donald Trump semble bien positionné pour un retour potentiel à la présidence des États-Unis malgré les controverses passées, profitant des faiblesses perçues de l'administration Biden et des défis géopolitiques actuels, analyse Sébastien Boussois.

Le philosophe Emmanuel Kant.
Culture

300 ans de Kant : que nous est-il permis d’espérer selon le philosophe ?

RÉFLEXION. Le tricentenaire de la naissance d’Emmanuel Kant nous incite à repenser sa doctrine et à interroger de nouveau la portée de son interrogation fondamentale : « Que m’est-il permis d’espérer ? » Plus qu’un sentiment, l’espérance kantienne se manifeste principalement comme un devoir.

Publicité