Publicité

Un nouvel espace politique pour mieux arrimer les voisins de la Russie à l'Union européenne

Alors que l'Ukraine espère obtenir d'ici à la fin du mois le statut de candidat à l'Union européenne, Emmanuel Macron en visite en Moldavie a évoqué son projet de communauté politique européenne, qui doit offrir un nouveau cadre de coopération aux pays candidats. Cette initiative soulève bien des questions.

En déplacement en Moldavie, la présidente Maia Sandu a réagi positivement à la proposition française d'une communauté politique européenne.
En déplacement en Moldavie, la présidente Maia Sandu a réagi positivement à la proposition française d'une communauté politique européenne. (Yoan Valat/Pool via REUTERS)

Par Catherine Chatignoux

Publié le 15 juin 2022 à 19:15Mis à jour le 15 juin 2022 à 19:23

Lors de la visite du président français, Emmanuel Macron, en Moldavie mercredi et, selon des informations non confirmées, avant sa venue en Ukraine jeudi, les discussions n'ont pas seulement porté sur les thèmes d'urgence vitale que sont la livraison d'armements et l'aide humanitaire. Un autre sujet plus politique mais tout aussi essentiel a occupé les débats : les conditions et les délais dans lesquels ces deux pays et la Géorgie, alarmés par le danger russe, pourront s'ancrer à l'Union européenne. « Mon souhait est que nous puissions envoyer un message positif et clair » à la demande d'adhésion de la Moldavie, a indiqué le chef de l'Etat.

Si la Commission européenne, vendredi, puis les gouvernements des Vingt-Sept, à la fin du mois, envoient ce signal politique fort à Kiev, Chisinau (Moldavie) et Tbilissi (Géorgie) en leur accordant en un délai record le statut de « candidat » à l'adhésion à l'UE, chacun sait que le chemin sera très long, jonché d'obstacles, et risque de ne pas répondre aux attentes des dirigeants et de la population ukrainienne.

Réserves du président ukrainien

Publicité

C'est pourquoi le projet d'un nouvel espace de coopération politique en Europe, présenté le 9 mai par Emmanuel Macron devant le Parlement européen, suscite de l'intérêt même s'il a été accueilli avec froideur par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

Lors du premier tour de table des représentants des Vingt-Sept pays européens autour du projet de texte français, mercredi matin à Bruxelles, « une grande majorité a reconnu l'intérêt d'un cadre politique qui rassemble tous les Etats européens souhaitant contribuer ensemble à la sécurité, la stabilité et la prospérité de notre continent », a indiqué un diplomate européen.

Concrètement, à quoi ressemblerait cette nouvelle instance ? « L'idée, qui fait écho à celle de Confédération européenne de François Mitterrand des années 1990, propose d'instituer un espace politique européen plus large que celui de l'UE. Elle pourrait constituer une solution pratique pour arrimer à l'Union des pays qui ne remplissent encore pas tous les critères pour y entrer formellement », explique Thierry Chopin, professeur de sciences politiques et auteur d' un article sur le sujet pour l'Institut Jacques-Delors . « Ce nouveau format permettrait une adhésion rapide à la dimension symbolique et politique, tout en gardant une logique progressive de moyen-long terme pour l'intégration économique », poursuit le chercheur.

Une adhésion graduelle

L'adhésion pourrait ainsi être graduelle, s'effectuant « par tranches, plutôt que d'une façon monolithique », selon lui, en passant d'un coup du statut de candidat à celui de membre. La nouvelle structure, baptisée à Bruxelles « Wider Europe », « Europe élargie », pourrait accueillir par ailleurs les pays de l'Espace économique européen, les Balkans occidentaux, candidats à l'UE, et pourquoi pas la Turquie qui est candidate depuis 23 ans, ainsi que le Royaume-Uni qui vient d'en sortir mais dont la coopération en matière de sécurité manque cruellement à l'Europe.

Pour avoir une chance de succès, ont souligné les représentants des Etats membres mercredi, cette nouvelle structure doit être définie non pas comme une alternative à l'adhésion, ce que redoute l'Ukraine, mais bien comme l'antichambre qui ouvrira la porte de l'UE à tous ceux qui en expriment l'envie et qui y sont prêts sur le plan économique. C'est ce que les Etats membres ont recommandé mercredi matin à Bruxelles.

Quel contenu ?

Reste à définir le contenu de cette coopération. « Emmanuel Macron est resté trop vague sur ce sujet au Parlement européen », regrette Thierry Chopin. A Paris, on explique que la proposition française est restée volontairement ouverte, pour décider de ses modalités à 27, car les avis divergent sur les contraintes à imposer aux futurs membres sur le plan des valeurs démocratiques européennes. Le président français avait cité la sécurité, l'énergie, les transports, les infrastructures et la circulation des personnes comme autant de champs possibles de coopération. La participation pourrait aussi se traduire par un statut d'observateur aux Conseils européens et de sièges sans droits de vote au Parlement européen. Ainsi émergerait, espèrent les plus optimistes, un sentiment progressif d'appartenance et d'intégration à l'UE.

l

Catherine Chatignoux

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité