Ursula von der Leyen n’est pas du genre à improviser. Méticuleusement, sans se départir de son sourire si caractéristique, la présidente allemande de la Commission européenne avance ses pions. Lundi 19 février, à Berlin, devant ses amis politiques de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), elle devrait officialiser sa candidature à un second mandat à Bruxelles. Dans la foulée, le Parti populaire européen (PPE), qui rassemble les droites du Vieux Continent, devrait la retenir lors de son congrès des 6 et 7 mars à Bucarest.
A 65 ans, l’ex-ministre de la chancelière allemande Angela Merkel joue sa carrière sur un terrain instable qui exige que chaque pas soit mûrement pensé. Car même si sa reconduction à la tête de l’exécutif communautaire se présente bien, elle n’est pas acquise. « On ne s’autopromeut pas présidente de la Commission. Il va falloir qu’elle transpire un peu », lance un diplomate européen. Après les élections européennes, prévues du 6 au 9 juin, les Etats membres devront en effet nommer (à la majorité qualifiée) son successeur, que le Parlement européen devra ensuite confirmer par un vote (à la majorité absolue).
Tous les cinq ans, les Vingt-Sept désignent aussi les présidents du Conseil et du Parlement européens, ainsi que le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères. Au passage, ils négocient des postes d’influence dans l’administration communautaire et tentent d’imposer leurs priorités aux prochains dirigeants des institutions bruxelloises. Cette année, ce grand marchandage s’étendra au secrétariat général de l’OTAN et à la direction générale du Fonds monétaire international, dont les titulaires s’apprêtent à partir.
Plan de relance européen
En vertu des traités, les Vingt-Sept doivent tenir compte du résultat des élections lorsqu’ils nomment le président de la Commission. Cela tombe bien, le PPE d’Ursula von der Leyen compte le plus de chefs d’Etat et de gouvernement à la table du conseil (douze aujourd’hui) et devrait être le premier parti politique à l’issue du scrutin.
Pour le reste, la présidente de la Commission peut faire valoir son bilan. « Von der Leyen a été au rendez-vous des crises », juge Sébastien Maillard, de l’Institut Jacques Delors. Entre le Covid-19, qui a mis le monde à l’arrêt, et la guerre en Ukraine, qui a fait resurgir un conflit sur le Vieux Continent et confronté les Européens à leurs dépendances, notamment en matière de défense et d’énergie, elle a su accompagner des évolutions majeures de l’Union européenne (UE).
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