«Vos idées pour l’Europe» : et si la France quittait l’Union européenne ?

Jusqu’au 26 mai, jour des élections, Le Parisien passe au crible une de vos propositions sur l’Europe. Ce jeudi, la sortie de la France de l’Union européenne.

 Un manifestant brandit une pancarte appelant à un « Frexit », lors d’une manifestation contre la loi Travail, à Nantes, le 28 juin 2016.
Un manifestant brandit une pancarte appelant à un « Frexit », lors d’une manifestation contre la loi Travail, à Nantes, le 28 juin 2016. AFP/Loïc Venance

    Pendant la campagne des élections européennes, Le Parisien invite ses lecteurs à lui envoyer les propositions qu'ils souhaiteraient voir émerger.

    Ce jeudi, nous nous penchons sur la sortie de la France de l'Union européenne (UE). Un de nos lecteurs, Jean-Jacques, estime qu'il « serait grand temps pour la France de retrouver son indépendance en sortant de l'UE ».

    De quoi parle-t-on ?

    La proposition vise à faire sortir la France de l'Union européenne, ce qu'on appelle souvent « Frexit » (contraction de « France » et de « exit »). En clair, la France quitterait l'UE, mais elle abandonnerait aussi l'euro. Car la monnaie unique est l'un des instruments de l'union monétaire européenne.

    Déjà testé ?

    La France est l'un des six pays fondateurs, en 1957, de la Communauté économique européenne. Cette CEE est l'ancêtre de l'Union européenne, instaurée en 1992 par le traité de Maastricht. Depuis, notre pays est toujours resté membre de l'UE, qui s'est progressivement élargie, jusqu'à atteindre aujourd'hui 28 membres. La Croatie est le dernier pays à l'avoir intégrée, en 2013.

    Un pays a déjà décidé de quitter l'Union européenne : le Royaume-Uni. Lors du référendum organisé le 23 juin 2016, 51,9 % des Britanniques ont répondu « Yes » à la question de savoir s'ils souhaitaient sortir. Une différence notable avec un possible Frexit : les Britanniques n'ont pas à changer de monnaie, puisqu'ils ont toujours conservé la livre sterling.

    Reste que ce Brexit est actuellement au point mort. Alors que la sortie du Royaume-Uni de l'UE devait être effective au 29 mars dernier, elle a été reportée au plus tôt au 30 juin prochain. Malgré plusieurs tentatives de vote, les parlementaires britanniques n'ont pas encore validé l'accord négocié entre la Première ministre Theresa May et le Conseil européen (qui rassemble les chefs d'Etat et de gouvernement des pays de l'UE).

    Qu'en disent les familles politiques françaises ?

    Aucun des principaux partis ne propose de quitter l'UE. Le Front national (devenu l'an dernier Rassemblement national) soutenait bien un Frexit lors des élections européennes de 2014. Mais le parti présidé par Marine Le Pen a finalement abandonné cette idée depuis la présidentielle de 2017.

    La République en marche, les Républicains, le Parti socialiste ou encore Europe Écologie-Les Verts, notamment, souhaitent tous que la France reste un pays membre de l'UE.

    Parmi les autres partis, seuls les Patriotes de Florian Philippot et l'Union populaire et Républicaine (UPR) sont partisans d'un Frexit. « La France est sous une tutelle juridique, monétaire et géopolitique qui l'empêche de mener une politique indépendante qui serve les intérêts du peuple français », justifie dans son programme le parti présidé par François Asselineau.

    Le coût ?

    Il est très difficile d'évaluer le coût d'une sortie de la France de l'Union européenne, tant les conséquences seraient nombreuses.

    Prenons d'abord le retour au franc. Comme la France importe plus de produits qu'elle n'en exporte (la balance commerciale affichait un déficit de 59,9 Mds€ en 2018 ), le pays aurait besoin de se fournir en devises étrangères. Du coup, le franc risque de perdre en valeur. Cette dévaluation aurait un double effet : elle pourrait booster les exportations françaises, mais aussi rendre plus chères les importations. Or, la France en est très dépendante dans certains secteurs, comme le pétrole.

    Si le franc est dévalué, la dette publique augmenterait mécaniquement en pourcentage du PIB. Selon l'institut Montaigne (un think tank libéral), cela risque de se traduire par des effets néfastes sur l'économie du pays, avec des hausses d'impôts voire la suppression « à terme d'un demi-million d'emplois ».

    A l'inverse, le retour au franc pourrait rendre la France moins vulnérable en cas de nouvelle crise de l'euro.

    Un Frexit contraindrait également la France à négocier des accords commerciaux avec les autres pays ou organisations du monde, puisqu'elle ne pourrait plus bénéficier du marché unique européen et des accords signés par l'UE. Or, « le rapport de force n'est pas du tout le même avec 66 millions de consommateurs qu'avec 510 millions [le nombre approximatif d'habitants dans l'UE, NDLR] », note Elvire Fabry, chercheuse à l'Institut Jacques Delors. « La France ne serait plus protégée par les normes européennes, qu'on évoque toujours comme étant un fardeau, mais qui lui permettent de peser sur la scène internationale », estime cette spécialiste.

    Les autres pays pourraient aussi imposer de nouvelles taxes sur les importations et les exportations.

    Pour les promoteurs du Frexit, une sortie de l'UE ramènerait à l'inverse 10 Mds€ dans les caisses françaises. Ce chiffre correspond à la différence entre la contribution de la France à l'UE et les subventions qu'elle reçoit, même si d'autres modes de calculs donnent un montant moins élevé. Quoi qu'il en soit, certains économistes pointent qu'il existe aussi des effets économiques indirects d'être membre de l'UE, comme l'appartenance au marché unique européen.

    En plus de ces conséquences économiques, il y aurait aussi un impact géopolitique. En sortant de l'UE, la France quitterait l'espace Schengen de libre circulation. Il deviendrait alors moins pratique pour les touristes européens de venir dans notre pays, ou pour les Français travaillant à l'étranger de se déplacer.

    Alors jouable ou pas jouable ?

    En soi, chaque État qui le souhaite peut décider de quitter l'Union européenne. Comme le détaille l'article 50 du Traité de l'UE, le pays en question doit notifier sa décision à Bruxelles. S'ouvre ensuite une période de négociations avec le Conseil européen, à l'issue de laquelle le pays redevient indépendant.

    Ce scénario reste soumis à plusieurs rebondissements, notamment politiques, comme l'ont montré les reports successifs du Brexit.

    Les + d'une telle idée…

    • Indépendance retrouvée pour la France
    • Plus besoin de respecter les « contraintes » européennes (taux de déficit, solidarité avec les autres pays, etc.)

    … Et les -

    • Risques pour l’économie française
    • Nécessité de renégocier des accords commerciaux avec les autres pays

    Retrouvez les autres propositions :