United States, 26 mars – 4 avril 2001 – Où va l’Union européenne ?
Conference cycle by Jacques Delors, in the United States (26 mars-4 avril 2001)
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Lorsque, dans les années qui ont suivi la fin de la guerre de 1939-1945, est né le projet politique de l’Europe moderne, la formule qui revenait le plus souvent pour caractériser ce projet était « la construction des États-Unis d’Europe ». La référence à la grande démocratie américaine était transparente. C’est le mot d’ordre du fameux congrès de La Haye en 1948 et celui qui revient sans cesse dans les travaux du Comité Jean Monnet qui ont accompagné les premiers pas de l’aventure européenne moderne. Cette formulation serait Aujourd’hui considérée comme trop naïve, et elle a d’ailleurs été abandonnée dans les discours sur l’Europe. C’est qu’entre temps, l’expérience aidant, nous nous sommes rendu compte de la difficulté d’un tel projet. l’Europe politique n’est pas la construction ex nihilo d’une démocratie naissante. Elle se constitue progressivement par l’intégration d’États nations qui se sont solidement constitués au cours de deux siècles d’histoire européenne et dont la permanence est têtue. Cette forme d’organisation politique reste le lieu privilégié de formation et d’expression de la volonté démocratique pour les citoyens européens. Elle explique que nous essayons en réalité d’inventer une forme d’organisation politique qui ne ressemble à rien de ce qui a été fait jusqu’à présent dans le monde. C’est la première idée que je voudrais exprimer : l’Union Européenne n’est pas un État qui aurait trouvé son périmètre, sa forme d’organisation et ses règles démocratiques : C’est un chantier en perpétuelle construction sur lequel il faut regarder la pancarte : « work in progress ».
La deuxième idée que je voudrais avancer est que cette construction ne peut être comparée à un long fleuve tranquille qui élargit sans cesse son lit. Il y a eu certes, des périodes d’euphorie et d’expansion. Mais il y a eu aussi des crises sévères et des périodes de paralysie dues non seulement à des conflits classiques d’intérêts, mais aussi à des divergences non avouées sur la finalité de l’aventure. C’est pourquoi, lorsqu’on parle de l’Europe, il faut toujours se poser la question : « qu’est-ce qui domine actuellement l’état de la construction européenne ? ». Il me paraît clair, de ce point de vue que nous sommes actuellement dans une période d’expectative. Nous nous sommes élargis à quatre reprises, passant de 6 à 15 États membres sans nous préoccuper de la façon dont nos institutions pouvaient convenir à cette augmentation du nombre, qui s’accompagnait de plus grandes disparités économiques, sociales et culturelles. Nous sommes à la veille d’un nouvel élargissement, en particulier aux Pays d’Europe Centrale et Orientale, qui peut nous mener à 27 participants ou plus, avec des disparités sans commune mesure avec celles du passé. C’est ce qui explique la grande difficulté que nous rencontrons pour régler les problèmes liés à la prise de décision au sein du Conseil des ministres et au fonctionnement de l’exécutif européen.
Ces remarques préliminaires me paraissaient nécessaires pour aborder la suite de mon propos : où en sommes nous de la formulation du projet européen ? Quels objectifs donner au projet de réunification de l’Europe en direction des Pays d’Europe Centrale et Orientale ? Sous quelle forme maintenir vivant l’objectif d’une « union sans cesse plus étroite entre les peuples » ?
Lorsque, dans les années qui ont suivi la fin de la guerre de 1939-1945, est né le projet politique de l’Europe moderne, la formule qui revenait le plus souvent pour caractériser ce projet était « la construction des États-Unis d’Europe ». La référence à la grande démocratie américaine était transparente. C’est le mot d’ordre du fameux congrès de La Haye en 1948 et celui qui revient sans cesse dans les travaux du Comité Jean Monnet qui ont accompagné les premiers pas de l’aventure européenne moderne. Cette formulation serait Aujourd’hui considérée comme trop naïve, et elle a d’ailleurs été abandonnée dans les discours sur l’Europe. C’est qu’entre temps, l’expérience aidant, nous nous sommes rendu compte de la difficulté d’un tel projet. l’Europe politique n’est pas la construction ex nihilo d’une démocratie naissante. Elle se constitue progressivement par l’intégration d’États nations qui se sont solidement constitués au cours de deux siècles d’histoire européenne et dont la permanence est têtue. Cette forme d’organisation politique reste le lieu privilégié de formation et d’expression de la volonté démocratique pour les citoyens européens. Elle explique que nous essayons en réalité d’inventer une forme d’organisation politique qui ne ressemble à rien de ce qui a été fait jusqu’à présent dans le monde. C’est la première idée que je voudrais exprimer : l’Union Européenne n’est pas un État qui aurait trouvé son périmètre, sa forme d’organisation et ses règles démocratiques : C’est un chantier en perpétuelle construction sur lequel il faut regarder la pancarte : « work in progress ».
La deuxième idée que je voudrais avancer est que cette construction ne peut être comparée à un long fleuve tranquille qui élargit sans cesse son lit. Il y a eu certes, des périodes d’euphorie et d’expansion. Mais il y a eu aussi des crises sévères et des périodes de paralysie dues non seulement à des conflits classiques d’intérêts, mais aussi à des divergences non avouées sur la finalité de l’aventure. C’est pourquoi, lorsqu’on parle de l’Europe, il faut toujours se poser la question : « qu’est-ce qui domine actuellement l’état de la construction européenne ? ». Il me paraît clair, de ce point de vue que nous sommes actuellement dans une période d’expectative. Nous nous sommes élargis à quatre reprises, passant de 6 à 15 États membres sans nous préoccuper de la façon dont nos institutions pouvaient convenir à cette augmentation du nombre, qui s’accompagnait de plus grandes disparités économiques, sociales et culturelles. Nous sommes à la veille d’un nouvel élargissement, en particulier aux Pays d’Europe Centrale et Orientale, qui peut nous mener à 27 participants ou plus, avec des disparités sans commune mesure avec celles du passé. C’est ce qui explique la grande difficulté que nous rencontrons pour régler les problèmes liés à la prise de décision au sein du Conseil des ministres et au fonctionnement de l’exécutif européen.
Ces remarques préliminaires me paraissaient nécessaires pour aborder la suite de mon propos : où en sommes nous de la formulation du projet européen ? Quels objectifs donner au projet de réunification de l’Europe en direction des Pays d’Europe Centrale et Orientale ? Sous quelle forme maintenir vivant l’objectif d’une « union sans cesse plus étroite entre les peuples » ?