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L’armée européenne, y penser ?
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En partenariat avec l’Institut Jacques Delors, la Mission Lille Eurométropole Défense Sécurité (MLEDS) a organisé le 24 octobre 2019 au sein de la Citadelle de Lille, la 9e édition des Ateliers de la Citadelle, conférence française annuelle consacrée à l’Europe de la défense.
Intitulé « L’Armée européenne, y penser toujours, n’en parler jamais ? », cette nouvelle édition était animée par Xavier de Glowczewski, professeur agrégé au lycée Faidherbe de Lille et Président de l’association réseau Abibac. Le colloque a réuni, sous forme de grand entretien, trois experts et un grand témoin, ainsi qu’une assemblée composée de civils et de militaires, conformément à l’esprit de dialogue civilo-militaire des Ateliers.
▪ Introduction du Général Puga
Grand Chancelier de la Légion d’honneur, Chancelier de l’ordre national du Mérite
Pour le Général Puga, une armée européenne est souhaitable et réalisable. Souhaitable, tout d’abord, pour des raisons économiques, car elle permettra plus de rentabilité, d’efficacité et d’économie d’échelle. Réalisable, ensuite, à condition de parvenir à définir des intérêts stratégiques communs, notamment en termes de souveraineté, d’immigration, de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Les divergences profondes des États membres de l’UE sur ces questions s’expliquent par des raisons objectives, en lien avec les préoccupations de leurs populations respectives. Pour autant, l’analyse de ces différences permettra de définir des objectifs stratégiques communs. Il est nécessaire de trouver des compromis et d’être unis car c’est de cette manière que l’Union Européenne (UE) a été, qu’elle est, et qu’elle sera écoutée par les autres grandes puissances. La construction d’une armée européenne suppose également un dialogue entre militaires au niveau européen, afin de définir des besoins capacitaires communs d’une part, et des manières de travailler ensemble d’autre part.
Bien que la construction d’une armée européenne soit un sujet délicat au sein de l’UE, commencer à y réfléchir permet d’avancer. Les opérations spéciales, domaine où s’exerce totalement la souveraineté des États, en constituent un exemple. Que cela soit au Tchad ou au Mali, les pays européens sont parvenus à mettre en place des forces conjointes, démontrant que la volonté politique permet de faire avancer la défense européenne. C’est pour cela que l’objectif ultime doit être, pour tous, la construction de cette armée européenne. Pour se faire, chacun à son niveau doit rechercher ce qui peut rassembler, en évitant la dispersion des efforts. Il importe donc d’insister sur la capacité collective des membres de l’union à lutter contre des maux communs dont, souvent, la nature est profondément transfrontalière (terrorisme, cyber sécurité, etc.). En conséquence, s’attacher à la souveraineté uniquement nationale est une impasse. La construction d’une armée européenne passe tout d’abord par la construction d’une communauté de pensée européenne autour de la question de la souveraineté. Les citoyens européens se rassembleront lorsqu’ils considèreront que l’UE peut assurer leur protection.