Europe en débat #5 : Balkans Occidentaux : L’UE comme puissance protectrice

Ce 14 octobre 2025, le Centre Grande Europe a organisé, dans les nouveaux locaux de l’Institut Jacques Delors, une table ronde consacrée à la publication de Benjamin Couteau : « Renforcer la crédibilité de l’Union européenne dans les Balkans occidentaux ».

Une rencontre qui a réuni diplomates, élus, journalistes, et chercheurs pour débattre d’un enjeu trop souvent négligé dans le débat public français : l’influence de l’Union européenne dans les Balkans, son voisinage le plus immédiat et l’un des plus stratégique.

🧩Un continent en quête de cohérence et de confiance

Benjamin Couteau a ouvert la discussion en rappelant que la question de l’élargissement est largement absente du débat public français, alors même qu’elle pourrait à impliquer un référendum national.

Selon une étude récente, moins de la moitié des Européens estiment que l’UE est aujourd’hui une puissance mondiale capable de rivaliser avec les États-Unis ou la Chine. Ce scepticisme interne pèse lourd : si les Européens doutent de leur puissance, comment prétendre l’exercer sur leur propre continent ?

🗺️De la technocratie à la géopolitique

Or l’élargissement n’est plus un exercice technocratique, mais un instrument géopolitique de stabilité, de sécurité et de projection des valeurs européennes.

Les Balkans occidentaux ne sont pas un espace périphérique ou une zone tampon : ils forment le cœur du voisinage stratégique de l’Union. Ignorer cette réalité, c’est laisser le champ libre aux influences russes, chinoises ou autres, qui, pourtant bien moins présentes, cherchent à y contester l’influence de l’UE et, par là même, à l’affaiblir.

📜Le besoin d’un récit stratégique européen

L’UE doit donc apprendre à parler le langage de la puissance dans les Balkans occidentaux. Maîtriser le récit lui permettrait non seulement de se donner les moyens d’être mieux écoutée, mais surtout d’y imposer le cadre du débat avant que d’autres ne le fassent.

Aucune autre puissance que l’UE n’offre à la région un soutien économique et financier aussi crucial. Aucune autre puissance que l’UE n’offre à la région un espace politique lui permettant de peser bien au-delà de son poids réel. Aucune autre puissance que l’UE n’offre à la région une force cohésive apte à garantir la sécurité régionale. Elle doit reprendre l’initiative, en proposant un horizon crédible, à même de susciter confiance, espoir et adhésion.

🇫🇷 Et la France dans tout cela ?

Les échanges ont pointé la nécessité pour Paris d’apporter un soutien accru aux acteurs démocratiques des États candidats, au premier rang desquels la société civile et les médias, afin de ne pas décevoir les attentes que les populations locales placent en l’UE. Alors que la France y est déjà très présente via l’AFD (plus d’1,5 milliard d’euros sur 6 ans), cette action porte peu dans le débat public national, en particulier auprès des milieux économiques.

Impliquer plus largement les collectivités, PME et acteurs de la société civile permettrait ainsi de mieux mettre en valeur le potentiel de cette région, dans la perspective d’une adhésion soumise à approbation constitutionnelle.

Lire la publication : https://institutdelors.eu/publications/renforcer-la-credibilite-de-lunion-europeenne-dans-les-balkans-occidentaux/