Séminaire|Elargissement : un nouvel élan ?

Enlisé, victime d’une « fatigue » suite au « big bang » des années 2004-07, le processus de l’élargissement de l’UE a été subitement relancé suite à l’agression russe contre l’Ukraine le 24 février 2022. Or, derrière ces avancées rapides avec l’octroi des statuts de candidat et l’ouverture des négociations, malgré des discours exhortant l’Union à être à la hauteur d’un « appel de l’Histoire », on perçoit déjà des hésitations, des difficultés et des divergences, sur la méthode, les pays à intégrer ou le calendrier.
Si la relance est à l’origine portée par la candidature ukrainienne, elle concerne aussi les pays des Balkans occidentaux, dont certains apparaissent aujourd’hui les mieux placés pour devenir le nouveau 28ème Etat de l’Union. Toutefois, certains Etats membres sont favorables à l’adhésion des pays des Balkans occidentaux, mais restent réservés face à celle du « trio oriental » – et vice versa. Notamment dans un contexte, où l’Union reste marquée par la succession de crises graves qui l’ont secouée depuis 2008, avec des pays candidats dont l’adhésion implique des défis de taille, souvent inédits. De plus, la tâche de convaincre les opinions publiques dans de nombreux Etats membres ne sera pas aisée – à commencer par la France, où la Constitution prévoit un référendum pour ratifier les futures adhésions à l’UE.
L’indéniable nouvel élan que connaît la politique de l’élargissement de l’UE est-il durable ? Quelles leçons utiles peut-on tirer de l’élargissement de 2004 ? Comment repenser le processus pour l’adapter au contexte actuel, en développant davantage la logique d’intégration graduelle ? Comment équilibrer ce dernier entre les « anciens » et les « nouveaux » candidats ? Et surtout : comment gagner la bataille politique et convaincre les opinions publiques à travers le continent du bien-fondé de ses élargissements à venir, qui peuvent apparaître tantôt nécessaires et tantôt (quasi) impossibles ?