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Licences de pêche: pas de renoncement, la France réclame toujours « entre 150 et 200 licences »

Paris a assuré vendredi ne rien lâcher face à Londres dans son contentieux sur les licences de pêche, au lendemain de déclarations interprétées comme une capitulation par certains pêcheurs et qui ont déclenché une vague de critiques des candidats à la présidentielle.

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« Il n’y a ni renoncement, ni reculade. On continue à la fois la négociation et la pression. On demande le même nombre de licences », a assuré le secrétaire d’Etat aux Affaires européens Clément Beaune, à propos du contentieux avec le Royaume-Uni sur les licences de pêche.

La France réclame toujours « entre 150 et 200 licences » et « maintient toutes les options ouvertes si le dialogue » n’aboutissait pas, a-t-il dit en référence aux différentes sanctions que pourraient décider Paris et l’Union européenne.

Un plan d’indemnisation pour les pêcheurs

Alors que Paris peine à obtenir des droits de pêche, notamment auprès des autorités de l’île anglo-normande de Jersey, la ministre de la Mer Annick Girardin a évoqué jeudi un plan d’indemnisation pour les pêcheurs qui perdraient leurs licences pour les eaux britanniques.

Ces propos ont provoqué la colère des professionnels, y voyant un aveu implicite par la France de sa « défaite » alors que le comité de pêche réfléchit « aux modalités d’une mobilisation dans les prochains jours ».

« Il y a eu une erreur de communication de Girardin et une mésinterprétation des pêcheurs », estime Elvire Fabry, politologue à l’Institut européen Jacques Delors. Annick Girardin avait dès jeudi soir réaffirmé que « la priorité du gouvernement (était) d’obtenir des licences» post-Brexit sans que « cela n’empêche pas de prévoir l’avenir de la filière ».

« Agenda très court »

À Londres, la déclaration de la ministre française est passée totalement inaperçue et n’a pas provoqué d’euphorie antifrançaise dans la presse tabloïd.

« À mon sens, le message de Girardin était de montrer que tous les risques sont planifiés pour ne pas laisser les pêcheurs penser qu’il y avait un risque de ‘chute de la falaise’» si la négociation n’aboutit pas, estime Elvire Fabry.

« Tout le monde est bien conscient à Bruxelles et dans les Etats membres que c’est une question plus générale de respect par les Britanniques des accords Brexit », estime Eric Maurice, responsable du bureau de Bruxelles de la Fondation Robert Schuman qui considère que la France n’est pas isolée. « Et tout le monde sait très bien qu’on est face à un partenaire qui ne respecte pas forcement sa parole. »

Une chose semble sûre, Paris est pressé de régler le problème avant le début de sa présidence tournante de l’UE le 1er janvier. L’agenda de la présidence française est « très court, élection présidentielle oblige » et « sera concentré sur les trois premiers mois » et « il ne faut pas, comme le souhaite Boris Johnson, que cela accapare l’attention médiatique alors que les priorités des Européens sont ailleurs », juge la chercheuse.

Les pêcheurs, eux, veulent maintenir la pression : « Le temps des actes est venu », prévient le comité des pêches. « Nous ne lâcherons pas nos pêcheurs », a assuré le chef de l’État ce vendredi, alors qu’il était en déplacement dans le Nord.

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