Bien plus qu’un marché
Rapidité, sécurité, solidarité
Renforcer le marché unique pour assurer un avenir durable et la prospérité de tous les citoyens de l’UE un avenir durable et la prospérité pour tous les citoyens de l’UE
Le rapport d’Enrico Letta présenté le 18 avril 2024 au Conseil européen

Le marché unique est né dans un monde plus petit
Le marché unique est le produit d’une époque où l’UE et le monde étaient « plus petits », plus simples et moins intégrés, et où bon nombre des acteurs clés d’aujourd’hui n’étaient pas encore entrés en scène. Lorsque Jacques Delors a conçu et présenté le marché unique européen au monde en 1985, l’UE était connue sous le nom de Communautés européennes. Le nombre d’États membres était inférieur de plus de moitié à ce qu’il est aujourd’hui. L’Allemagne était divisée en deux et l’Union soviétique existait encore. La Chine et l’Inde représentaient ensemble moins de 5 % de l’économie mondiale et l’acronyme BRICS était inconnu. À l’époque, l’Europe, à égalité avec les États-Unis, était au centre de l’économie mondiale, en tête en termes de poids économique et de capacité d’innovation, et constituait un terrain fertile pour le développement et la croissance.
Le marché unique a été créé pour renforcer l’intégration européenne en éliminant les barrières commerciales, en garantissant une concurrence loyale et en encourageant la coopération et la solidarité entre les États membres. Il a facilité la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux grâce à l’harmonisation et à la reconnaissance mutuelle, renforçant ainsi la concurrence et favorisant l’innovation. En outre, afin de garantir que toutes les régions puissent bénéficier de manière égale des opportunités du marché, des fonds de cohésion ont été mis en place. Cette approche globale a joué un rôle essentiel dans la promotion de l’intégration économique et du développement dans toute l’UE.
Adapté au monde de l’époque, le marché unique s’est révélé dès le début un formidable moteur pour l’économie européenne, ainsi qu’un puissant facteur d’attractivité. Aujourd’hui, plus de trente ans après sa création, le marché unique reste une pierre angulaire de l’intégration et des valeurs européennes, servant de puissant catalyseur pour la croissance, la prospérité et la solidarité. Cependant, le scénario international a profondément changé, soulignant la nécessité de développer un nouveau marché unique.
Le marché unique a toujours été intrinsèquement lié aux objectifs stratégiques de l’UE. Souvent perçu comme un projet de nature technique, il est au contraire intrinsèquement politique. Son avenir est lié aux objectifs stratégiques de l’UE et donc au contexte dans lequel celle-ci agit. Il ne doit donc jamais être considéré comme une entreprise achevée, mais plutôt comme un projet en cours. Néanmoins, un coup de pouce immédiat est nécessaire pour mettre le marché unique au diapason du contexte actuel et le préparer à une évolution continue en phase avec la dynamique de notre époque.
C’est précisément en raison de sa nature en constante évolution que le marché unique a toujours été appelé à s’adapter au contexte européen et mondial en mutation. Depuis l’élaboration de l’Acte unique européen, un travail constant et progressif de réflexion conceptuelle, impliquant l’élaboration de rapports et de plans d’action, a été mené, en particulier par la Commission européenne et ses commissaires. Dans cette optique, le rapport Monti de 2010 a fourni des réévaluations critiques et formulé des recommandations pour sa redynamisation. Mon rapport s’inscrit dans cette continuité, avec pour objectif d’examiner de manière approfondie l’avenir du marché unique après une succession de crises et de défis externes qui ont mis à rude épreuve sa résilience.