Décryptage
Budget européen 2021-2027 : Comment échapper au « business as usual » ?
Morgan Larhant, ancien assistant de recherche à l’Institut Jacques Delors, propose une analyse des enjeux du budget européen au lendemain des élections.
Étrangement absents des dernières élections européennes, les enjeux budgétaires devraient pourtant faire l’actualité bruxelloise des prochains mois. Le Conseil européen de décembre 2018 avait en effet fixé l’objectif d’une adoption à l’automne 2019 du cadre financier pluriannuel (CFP) pour la période 2021-2027 ; celui du 21 juin 2019 en a repoussé l’horizon « avant la fin de l’année 2019 ». Objectif qui demeure ambitieux tant la négociation, ouverte avec la présentation de proposition de la Commission le 2 mai 2018, mais au point mort depuis la fin de la présidence autrichienne, s’annonce comme l’une des plus compliquées de ces dernières années.
Tout concourt à rendre l’équation insoluble, au-delà des lignes de fracture traditionnelles. La négociation budgétaire européenne se caractérise en effet classiquement par deux lignes de tension : celle opposant les contributeurs nets aux bénéficiaires nets d’une part, et, d’autre part, celle qui met aux prises les partisans d’un maintien en volume des politiques traditionnelles (politique agricole commune – PAC – et politique de cohésion) à ceux qui privilégient une réorientation des fonds de l’Union vers les « priorités nouvelles » que sont par exemple l’immigration, la défense ou encore la lutte contre le changement climatique. Si cette tension ce cristallise autour de la question du volume global, elle se manifeste par plusieurs clivages traditionnellement structurants.