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Communauté politique européenne, une lancée à consolider

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Maillard, S. 2023. « Communauté politique européenne, une lancée à consolider », Blogpost, Paris : Institut Jacques Delors, novembre.


Les trois premiers sommets de la CPE permettent de dégager les mérites et limites de ce nouveau format. Avant tout apprécié pour les échanges directs entre dirigeants que permet sa souplesse, il exige une préparation attentive par ses organisateurs et une plus large appropriation de ses participants pour montrer sa plus-value dans la durée.

L’échec relatif du sommet de la Communauté politique européenne (CPE) à Grenade, le 5 octobre dernier, ne doit pas masquer la capacité de ce nouveau format à réunir périodiquement les dirigeants du continent entier pour nouer un dialogue stratégique directement à leur niveau. Depuis son lancement à Prague en octobre 2022, la CPE a attiré jusqu’à 47 chefs d’État ou de gouvernement de toute l’Europe, à trois reprises en un an. Ces sommets successifs permettent de retenir des atouts propres à ce format, en vue de son prochain rendez-vous outre-Manche attendu au printemps.

Le premier mérite de la CPE est précisément de renouer avec des acteurs incontournables pour un dialogue stratégique comme le Royaume-Uni. La CPE lui permet d’échanger avec ses anciens partenaires de l’Union européenne entièrement en dehors du passif hérité du Brexit, traité ailleurs séparément. Londres l’a bien compris et se montre avec Paris le plus attaché à ce nouveau format, qui apporte de l’air frais dans des relations par ailleurs échaudées par le choix d’un hard Brexit. Le Labour, qui se prépare à revenir au pouvoir après les législatives attendues l’an prochain, soutient pleinement la CPE et compte y maintenir l’investissement diplomatique britannique.

Autre puissance nécessaire à un dialogue stratégique de haut niveau à portée continentale, la Turquie a accepté de rejoindre la CPE mais s’y révèle très en retrait. Après deux absences successives de dernière minute, assurer la présence de Recep Tayyip Erdogan au prochain sommet sera déterminant pour maintenir à la CPE la crédibilité acquise à son lancement. C’est un enjeu pour le pays-hôte, avec le risque éventuel que le président turc en profite pour conditionner sa venue comme il sait en jouer. Une affirmation plus prononcée de son positionnement pro-Hamas dans le conflit israélo-palestinien pourrait toutefois finir par rendre sa venue problématique ou exiger des explications. Structurellement, comme pour le Royaume-Uni, le format CPE offre à la Turquie l’occasion de traiter avec ses partenaires européens en dehors du cadre propre à l’UE, avec qui des questions difficiles restent à régler (union douanière, visas, asile), sans mentionner sa candidature avortée.

Hormis le cas turc, s’agissant de l’élargissement, la CPE a rassuré qu’elle n’avait pas vocation à se substituer au processus d’adhésion à l’UE. Les doutes à l’annonce de l’initiative française ont depuis été levés dans les pays-candidats, qui trouvent dans la CPE un cadre inédit où faire jeu égal avec les États membres de l’UE, indépendamment du stade de leur candidature. Lors d’une visite le 13 octobre dernier en Albanie, pays candidat à l’adhésion, le président Emmanuel Macron a resitué la CPE comme « un investissement politique (..) sur le chemin de réunification », qui donne déjà aux États engagés dans un processus d’adhésion à l’UE une « place politique pleine » et un égal traitement.

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