Policy Paper 252
L’UE face au Covid-19 : la mobilisation des banques publiques de développement
By Daniel Mertens, Professeur en économie politique internationale, Université d’Osnabrück, Eulalia Rubio, Chercheuse senior, Institut Jacques Delors, & Matthias Thiemann, Professeur assistant en politiques publiques, Sciences Po-Paris.
Le débat sur la façon dont l’Europe devrait organiser la solidarité et répondre de manière coordonnée à la crise économique engendrée par le Covid fait rage. Plusieurs propositions ont été approuvées et d’autres font toujours l’objet de discussions, telles que le recours au Mécanisme européen de stabilité (MES), la création de nouveaux instruments de dette communs ou la mobilisation du prochain Cadre financier pluriannuel (CFP). Toutefois, jusqu’à maintenant, les réponses au choc économique ont été pour l’essentiel apportées à l’échelle nationale, ce qui prouve non seulement que la lutte est menée principalement au niveau des États-nations européens, mais aussi que l’économie politique européenne est toujours marquée par de fortes inégalités de capacités budgétaires.
Plusieurs études et rapports comparent les réponses budgétaires initiales fournies par les gouvernements face à la crise du Covid-19[1]. Si la taille et la composition des budgets diffèrent, une caractéristique commune qui se dégage est l’importance des mécanismes de garantie des prêts et d’autres mesures de soutien financier. Les discussions actuelles mettent moins l’accent sur le fait que ces mesures sont souvent gérées et mises en oeuvre par une catégorie d’acteurs parafiscaux spécifique : les banques de développement ou les institutions nationales de développement. Même à l’échelle européenne, la réponse coordonnée aux retombées économiques de la pandémie s’appuie en grande partie sur la Banque européenne d’investissement (BEI).
Le présent policy brief met en évidence le rôle essentiel que jouent ces institutions parafiscales en Europe et examine les similarités et les différences entre les réponses qu’elles fournissent en se focalisant sur cinq grandes institutions (la BEI, la KfW, la Bpifrance, la CDP et l’ICO)[2]. Il explique la façon dont ces entités ont aidé les gouvernements dans le contexte européen de ces dix dernières années et dévoile les principaux défis que leur rôle implique en ce qui concerne l’effort coordonné de solidarité.
[1]. Consulter par exemple : Bruegel, « The fiscal response to the economic fallout from the coronavirus », Blogpost, mis à jour : 23 avril 2020.
OCDE, « SME responses », note élaborée en vue d’un débat par le Groupe de travail sur les PME et l’entreprenariat de l’OCDE (GTPMEE), mise à jour : 30 mars 2020 ; Hainback et Rekeder, « Flattening the Recession Curve. Comparing Initial Fiscal Responses to the Corona Crisis Across the EU », Hertie School Jacques Delors Centre, 9 avril 2020.
[2]. Les acronymes désignent la Banque européenne d’investissement, la Kreditanstalt für Wiederaufbau allemande, la Bpifrance française, la Cassa Depositi e Prestiti italienne et l’Instituto de Crédito Official espagnol.