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De la crise à une stratégie économique européenne : Entretien avec Tommaso Padoa-Schioppa

A la veille du Conseil européen des 17 et 18 Juin, Tommaso Padoa-Schioppa exprime son opinion sur la gestion de la crise par l’UE depuis le Conseil européen du Printemps, les domaines prioritaires pour l’action de l’UE et la définition d’une stratégie pour l’économie européenne.

A la veille du Conseil européen des 17 et 18 Juin, Tommaso Padoa-Schioppa exprime son opinion sur la gestion de la crise par l’UE depuis le Conseil européen du Printemps, les domaines prioritaires pour l’action de l’UE et la définition d’une stratégie pour l’économie européenne.

Comment décrivez-vous la gestion de la crise par l’Union européenne depuis le Conseil européen du Printemps ?

L’Union européenne et la Grèce ont toutes les raisons de considérer la gestion de la crise comme un grand résultat, dont la portée va bien au-delà de ce que la plupart des observateurs croyait possible.

Les décisions de mai sont constituées par deux ensembles D’actions : les mesures de redressement de l’économie grecque et celles mises au point par l’UE. Le premier ensemble, qui est inscrit dans l’engagement pris par la Grèce vis-à -vis de la troïka (UE, BCE et FMI) en échange d’une aide financière, constitue un plan de redressement extrêmement vigoureux qui, comparé à ceux que d’autres pays ont mis en place dans des circonstances comparables, apparait comme très fort et très courageux. Le plan, visant à réduire le déficit public de 30 milliards d’euros pour le ramener d’ici 2014 sous le seuil de 3 % du PIB, a été adopté le 6 mai à la majorité absolue par le Parlement grec.

Quant aux décisions de l’UE, elles portent sur le paquet de soutien à la Grèce de 110 milliards d’euro, sur l’approbation d’un fonds de stabilisation de 750 milliards d’euro et sur les décisions de la BCE d’acheter, en cas de besoin, des titres de pays membres de la zone euro. Ces mesures vont bien au-delà de ce que les marchés jugeaient indispensable avant les réunions de mai ; qualitativement et quantitativement elles n’ont pas de précédent dans l’histoire de l’UE.

On reproche à l’UE de ne pas avoir agi assez rapidement et il est vrai que si les décisions avaient été prises deux mois plus tôt, on serait intervenu dans des circonstances où les marchés étaient moins nerveux. Mais il faut aussi dire que C’est dans la nature des décisions démocratiques extraordinaires comme celles-ci d’exiger une gestation plus longue que l’on voudrait. à€ l’UE, mais aussi à la Grèce, il a fallu du temps pour que la volonté politique d’accomplir un véritable tournant se forme. d’ailleurs, si on compare le temps de décision de l’UE à celui des Etats-Unis à l’automne 2008, suite à la panique générée par la faillite de Lehman Brothers, on voit que la mise en oeuvre du « Troubled Asset Relief Program » (TARP) n’a pas été plus rapide et s’est même heurté à un vote négatif du Congrès. Ce n’est pas seulement en Europe que le temps de réaliser la volonté politique est plus long que celui de la pure conception des mesures