Policy Paper
Des attentes à l’action
COMMENT L’UE ET LES ÉTATS-UNIS PEUVENT-ILS COOPÉRER EN MATIÈRE D’ENVIRONNEMENT ?
Par Geneviève Pons, Directrice Générale, Europe Jacques Delors et Ancienne directrice de WWF EU, et Paola Tanguy, Chercheuse, Europe Jacques Delors.
La victoire de Joe Biden a soulevé un vent d’espoir pour les défenseurs du climat et de l’environnement, aux États-Unis comme à travers le monde alors qu’une année cruciale pour les enjeux de climat et de biodiversité se profile… Cliquez pour tweeter
La victoire de Joe Biden et de Kamala Harris a soulevé un vent d’espoir pour les défenseurs du climat et de l’environnement, aux Etats-Unis comme à travers le monde. Mais elle constitue en premier lieu un soulagement pour les Européens : celui de voir la science et la raison faire leur retour à la Maison Blanche. Au fil de sa campagne, le candidat Biden a en effet tissé un plan de lutte contre le changement climatique ambitieux, visant à replacer les Etats-Unis sur le devant de la scène internationale en matière d’environnement. Depuis sa victoire, plusieurs signaux ont été émis en ce sens par le président élu – entre autres, la promesse de rejoindre l’accord de Paris dès le premier jour de sa présidence et la nomination de l’ancien Secrétaire d’Etat John Kerry en tant qu’envoyé spécial sur les enjeux climatiques au sein de son administration.
Au regard de ces ambitions, et alors qu’une année cruciale pour les enjeux de climat et de biodiversité se profile, les attentes de la communauté internationale, particulièrement de l’autre côté de l’Atlantique, sont élevées. Dans le cadre de la 26ème conférence annuelle de l’ONU sur le climat (COP26) devant se tenir à Glasgow, le Royaume-Uni appelle ainsi de nombreux pays à revoir à la hausse leurs contributions déterminées au niveau national (CDN) dans le cadre de l’Accord de Paris. La Chine, suivie du Japon et de la Corée du Sud, puis de l’Afrique du Sud et du Canada, ont récemment emboîté le pas à l’Union Européenne en annonçant s’engager à atteindre la neutralité carbone en 2050 (en 2060 pour la Chine). La pandémie de coronavirus en cours exigera également de placer les liens entre atteintes à la biodiversité et enjeux sanitaires à l’agenda des négociations pour un nouvel accord mondial sur la nature lors de la conférence de l’ONU sur la biodiversité (COP15), qui sera accueillie par la Chine en 2021.
Alors que les Européens se consacrent actuellement à la mise en œuvre d’un Pacte Vert européen visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, un chemin semé d’embûches s’ouvre pour la nouvelle administration américaine afin, en premier lieu, de rétablir ce qui a été défait ces dernières années. Il s’agira ensuite de rattraper le retard accumulé en matière d’environnement et, enfin, de regagner en crédibilité auprès de leurs alliés retrouvés dans la lutte contre le changement climatique et la dégradation de l’environnement.
La première embûche identifiée pour le président élu réside dans la conquête de la majorité au Sénat, pour laquelle les run-off elections de l’Etat de Géorgie, généralement peu favorables aux Démocrates, seront décisives. Sans cette majorité, le verdissement des Etats-Unis souhaité par Biden sera plus délicat, mais pas impossible. La marge de manœuvre de Biden se restreindra davantage aux prérogatives présidentielles, telles que la réglementation, via le contrôle des agences fédérales, et les décrets présidentiels. Les pouvoirs que Trump a utilisés pour défaire peuvent ainsi l’être pour refaire. Une autre difficulté réside par ailleurs dans le poids important que possèdent certains grands Etats pétroliers ou gaziers dans l’électorat démocrate[3]. L’engagement des Etats et du secteur privé sera ainsi essentiel ; il relèvera toutefois davantage du pouvoir de convaincre que du pouvoir de contraindre pour l’équipe de Biden.
Ce papier sera l’occasion pour nous d’explorer les sujets sur lesquels l’ambition environnementale de la nouvelle administration Biden pourrait se concrétiser sur le plan international, tels que des accords sur le climat, la biodiversité, l’océan et le commerce. Nous nous attacherons à analyser les recompositions possibles de la coopération UE-US dans les grandes négociations environnementales à venir. •••