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21/10/10

Des réformes institutionnelles à la politisation

Ou comment l’Union européenne du Traité de Lisbonne peut intéresser ses citoyens

La mise en œuvre du Traité de Lisbonne marque le début d’une nouvelle phase du développement de l’Union européenne. Les nombreux obstacles qui ont parsemé le chemin de sa ratification ont entraîné une fatigue institutionnelle généralisée, excluant, probablement pour un certain temps, une réforme à grande échelle des Traités existants. D’un côté, le sentiment de soulagement est légitime. L’UE peut en effet concentrer ses efforts sur le potentiel de ce nouveau Traité et développer les politiques dont elle a grandement besoin dans un monde globalisé confronté aux énormes défis que sont, entre autres, le changement climatique, les migrations ou encore le renforcement des inégalités. Le contexte actuel de crise économique sans précédent et de fragilisation de la zone euro ne vient bien sûr qu’ajouter à ce sentiment d’urgence. D’un autre côté, il y a un piège dans lequel l’UE pourrait facilement tomber : celui de se concentrer exclusivement sur ce qu’il faut faire en oubliant de réfléchir à la manière dont elle devrait le faire. La distance croissante entre l’UE et ses citoyens, qu’ont une fois de plus mis en évidence les résultats des derniers referenda, élections ou enquêtes européennes, doit être prise au sérieux (1). Dans cette perspective, la question du « comment » devient centrale. Il se peut que la popularité du projet européen progresse si l’UE parvient à développer certaines politiques. Mais une connexion avec les citoyens en amont des décisions est fondamentale pour la clarté et la légitimité de l’action. Les citoyens ont besoin d’avoir le sentiment qu’ils peuvent influencer non seulement le rythme de l’intégration européenne mais aussi son contenu, et qu’ils peuvent le faire par le biais d’un processus démocratique identifié. Cela suppose une confrontation politique plus ouverte au sein des institutions européennes, permettant aux citoyens de déterminer quelles sont les options politiques et de participer à un débat. Mais la politisation des institutions de l’UE doit être réalisée d’une manière qui soit fidèle à la nature de l’UE et ne diminue pas sa capacité à élaborer des compromis (2). Des mesures très concrètes peuvent être prises dès aujourd’hui pour aller dans cette direction (3).