Policy Paper 240
Élections européennes : pour un contrat de coalition à quatre
Christine Verger, Pascal Lamy, Geneviève Pons explorent une possibilité de coalition suite aux élections européennes de 2019 qui n’ont ressemblé à aucune autre : forte hausse de la participation, relatif affaiblissement des familles politiques traditionnelles, renforcement du centre et des écologistes, poussée contenue des nationalistes et des extrêmes.
> Cet article est également disponible en allemand ici.
Nombre de citoyens européens ont compris que l’Union européenne était confrontée à des défis nombreux et simultanés, internes et externes : crise climatique et environnementale, défi migratoire, difficultés économiques, creusement des inégalités sociales, Brexit, montée des populismes et des nationalismes, défis commerciaux et géopolitiques posés à l’Union par les grandes puissances : États-Unis d’abord, Russie toujours, Chine probablement.
Les citoyens en ont tiré les conséquences. Au Parlement, au Conseil européen et à la nouvelle Commission d’en faire autant.
Une large majorité pro-européenne s’est dégagée du scrutin, reflétant la recomposition du paysage politique euro-péen. Cette majorité reste à construire.
Les quatre principales familles politiques qui devraient la composer (PPE, S&D, ALDE, Verts) doivent dépasser les clivages partisans, se rassembler autour d’une feuille de route commune pour former une coalition stable. L’exercice est courant dans de nombreux États membres, il est même un préalable dans certains systèmes parlementaires, mais il n’a jamais été formalisé au niveau européen. Il ne s’agira pas d’effacer les différences, ni d’étouffer les débats politiques, mais de se rassembler sur l’essentiel, afin que l’institution parlementaire puisse fonctionner efficacement, et contri-buer à affronter les défis des cinq ans à venir.
La mise en place d’une telle coalition ne sera pas aisée. Au Parlement européen, même si les deux principales familles politiques (PPE et S&D) ont eu pour coutume de s’entendre, cette coopération n’a jamais donné lieu à un texte politique commun et, pour la première fois en 2019, ces deux familles ne sont plus majoritaires après les élections.
Cette coalition pourrait voir le jour en deux temps.
Dans un premier temps, l’élection du Président de la Commission (proposé par le Conseil européen) par le nouveau Parlement devra être conditionnée par l’acceptation par le (la) candidat(e) d’un texte. Ce dernier devra refléter les priorités politiques exprimées par les deux « chambres », des États (Conseil) et des citoyens (Parlement). Le (la) candidate devra ensuite en assurer le respect dans la composition, dans l’organisation, et dans la conduite de son institution.
Ce n’est que dans un second temps, qu’un programme plus détaillé devrait être négocié entre les groupes politiques au Parlement ; ensemble avec les orientations qu’adoptera le Conseil Européen, il devra servir de cadre au programme de travail de la Commission.
L’Institut Jacques Delors propose dans cette note les grandes lignes du contrat de coalition qui pourrait être agréé entre les principales familles politiques pro-européennes (PPE, S&D, ALDE, et Verts).
Derrière les noms des personnalités qui seront appelées à occuper les grandes présidences des institutions européennes, et notamment la présidence de la Commission, c’est avant tout un programme politique qui devra être mis en œuvre.
Il conviendra d’abord de réaffirmer les valeurs qui fondent l’Union européenne, et son modèle économique et social : démocratie libérale, protection des libertés fondamentales, état de droit, protection de l’environnement, économie sociale de marché, progrès social, cohésion territoriale, défense des intérêts européens à l’international. Tout en tenant compte des principes fondamentaux de l’Union chers à Jacques Delors : « la concurrence qui stimule, la coopération qui renforce et la solidarité qui unit ». Il s’agira ensuite d’être à l’initiative de normes environnementales ambitieuses, d’un renforcement de nos systèmes sociaux, et de régulations nous permettant d’embrasser les technologies du futur, telles que le numérique. Il s’agira enfin d’assumer le choix d’une souveraineté européenne, dans un monde dominé par la rivalité entre les États-Unis et la Chine, d’adapter en conséquence plusieurs politiques extérieures et de protéger les frontières de l’Union.
Ce contrat de coalition s’articulerait autour de quatre grands objectifs politiques :
- Répondre à l’urgence écologique ;
- Rendre l’Europe plus compétitive et plus
juste ; - Assurer la sécurité de tous ;
- Renforcer la démocratie.
SUR LE MÊME THÈME
ON THE SAME THEME
PUBLICATIONS
Leçon de démocratie à Bruxelles

Les Sept qualités d’une Commission

Élections européennes : quête d’unité dans la diversité des gagnants

MÉDIAS
MEDIAS
Frankreichs Konservative und Deutschlands SPD : Das Sterben der Dinos

Elections européennes 2019 : après les crises à répétition, un sursaut du sentiment européen

«La politique européenne s’est invitée dans la politique nationale»

ÉVÉNEMENTS
EVENTS
Bruxelles, 15 octobre 2019 – Europe: quels défis après les élections ?

Aix-en-Provence, 27 septembre 2019 – Les élections européennes de mai 2019 : quel impact sur l’Union européenne ?

Bruxelles, 25 juin 2019 – Quelle place pour la soutenabilité dans l’accord de coalition 2019-2024 ?

Bruxelles, 13 juin 2019 – Élections européennes : pour un contrat de coalition à quatre

Paris, 11 juin 2019 – Jour Fixe : analyse des élections européennes

Montréal, 10 juin 2019 – L’Europe du futur

Strasbourg, 6 juin 2019 – Quelle Europe pour demain ? Le rôle des coopératives

Bruxelles, 24 mai 2019 – La recherche et l’innovation comme boussole pour le futur que nous voulons

Paris, 21 mai 2019 – Les rapports de force politiques en France et en Europe avant les élections européennes

Dijon, 17 mai 2019 – Le projet européen à l’épreuve du populisme

Wavre, 16 mai 2019 – Les élections européennes les plus importantes de l’Histoire ?

Lille, 15 mai 2019 – Comment l’Europe fait elle sens aujourd’hui ?

Cluny, 15 mai 2019 – 26 mai 2019 : je vote !

Paris, 15 mai 2019 – We, the people of the European Union : Le populisme & l’Union européenne

Paris, 14 mai 2019 – Les mots de la campagne

Paris, 14 mai 2019 – Revitaliser l’industrie européenne par la transition énergétique

Lille, 9 mai 2019 – Face à la montée des populismes en Europe, qu’attendre des prochaines élections ?

Grenoble, 7 mai 2019 — Faire l’Europe dans un monde de brutes

Deauville, 27 avril 2019 — Les Journées de Deauville : L’avenir de l’Europe

Saint-Lubin-des-Joncherets, 26 Avril 2019 — Mais que fait l’Europe ?

St-Lubin-des-Joncherêts, 26 avril 2019 – Mais que fait l’Europe ?

Nice, 24 avril 2019 — Un nouvel horizon pour l’Europe – Réunion publique Renaissance

Versailles, 18 avril 2019 – Trois décennies d’évolution des opinions publiques dans les États-membres : implications pour l’avenir de l’UE

Paris, 17 avril 2019 — Ambassade du Royaume des Pays-Bas à Paris : élections européennes

Bruxelles, 9 avril 2019 – Conférence de presse du Parlement européen sur les élections européennes (Campagne « Go to Vote! »)

Paris, 5 avril 2019 – Élections européennes : quels enjeux pour le handicap ?

Paris, 4 avril 2019 – Conférence-débat : les défis européens

La Roche-sur-Yon, 4 avril 2019 – faire l’Europe dans un monde de brutes

L’Europe en question(s) ?

Paris, 18 mars 2019 – L’Europe, quel projet pour aujourd’hui ?

Dijon, 14 mars – Élections européennes 2019 : vers une grande recomposition politique ?

Rome, 12 mars 2019 – Le futur de l’UE

Strasbourg, 7 mars 2019 – Faire l’Europe dans un monde de brutes

Paris, 19 février 2019 – La démocratie en Europe : ingérences et désinformation à l’aube des élections européennes
